Mesdames et Messieurs, de la pédagogie politique et médiatique, s’il vous plait, sur l’état de la France et de l’Europe!
A lire ou à entendre les propos, les analyses, et les commentaires des responsables politiques et des journalistes sur la situation du pays et sur celle de l’Europe, avec la perspective des prochaines élections européennes, je suis très frappé par l’indigence de la pédagogie politique et médiatique mise en œuvre.
Je serais tenté de dire que la technocratie a tout envahi, et que les politiques et les journalistes parlent pourcentage du déficit par rapport au PIB, ou chiffre des économies (1, 2, ou 10 milliards) pour telle ou telle mesure annoncée dans le cadre du nouveau plan d’économies de 50 milliards, sans les mettre en rapport à la fois en valeur absolue et en ordre de grandeur, avec les quelques grands agrégats économiques et financiers qui pourraient parler aux citoyens, qu’il s’agisse des montants de la dette publique, du PIB, du budget, ou du revenu national.
Que voulez-vous que les citoyens comprennent dans ce concours cacophonique des experts de toute nature qui se croient concourir à l’ENA ?
Je pourrais multiplier les exemples de ce jargon financier et économique auquel font appel chaque jour les ministres et les journalistes, deux exemples seulement :
Le même jour, 24 avril 2014,
– en première page du journal Les Echos, « Déficit : les zones d’ombre du plan Valls La nouvelle trajectoire des finances publiques, Déficit public en % du PIB, Dette publique, en % du PIB, Dépenses publiques, en % du PIB, avec trois beaux graphiques en couleur de l’évolution des pourcentages
– en première page du journal Le Monde, « Plan d’économies : Sapin douche les attentes du PS…. Paris promet de limiter ses déficits à 3% du PIB en 2015, mais ses prévisions pour 2016 et 2017 sont jugées très « optimistes ». »
Est-ce que les Français et les Françaises peuvent comprendre ce langage technocratique ?
La dette publique de la France est colossale, 1 925 milliards d’euros et il faudra bien la purger, car il serait scandaleux d’en faire hériter les jeunes générations qui paient déjà un lourd tribut au chômage, d’autant plus que la France vit déjà à crédit à partir du quatrième trimestre.
L’objectif des fameux 3% de déficit du budget ne suffira de toute façon pas, mais les gouvernements n’ont pas le courage de dire aux citoyens qu’il est nécessaire de se serrer la ceinture pour sortir le pays de son impasse.
Il est tout à fait étrange que le discours politique répète que la France doit effectuer des économies, mais qu’il ne s’agit ni de rigueur, ni d’austérité.
Courage fuyons ! Alors que les Français et les Françaises sont prêts à comprendre qu’au rythme actuel de notre dépense publique, le pays va à la ruine, d’autant plus si on leur explique que les économies annoncées se situent à la marge des grandeurs économiques de la France, 50 milliards par exemple par rapport aux 2. 059 milliards du Produit National Brut, soit 2,5% de ce chiffre.
Prêts à comprendre la nécessité de la rigueur, à la condition que les efforts soient partagés et que le « fric », l’obsession du « fric » qui obsède une partie de notre élite politique et médiatique soit bannie.
Quant à l’Europe et aux prochaines élections, qui aura le courage de dire aux Français et aux Françaises que notre Parlement n’a un pouvoir de décision que dans le quart ou le tiers des affaires qui lui sont soumises, et qu’il est donc impératif de doter l’Union européenne d’un pouvoir politique représentatif qu’il n’est possible d’organiser que dans le cadre légitime de la zone euro?
Le choix qu’a fait la droite européenne du futur président éventuel de la Commission européenne ne parait pas de nature à encourager les électeurs et électrices à voter : l’homme est sans doute estimable et capable, mais il a su préserver les intérêts des paradis fiscaux du Luxembourg.
Jean Pierre Renaud