Le musée fantôme de la Cité de l’histoire de l’immigration

  Sur le blog du 12 avril 2010, j’avais proposé une réflexion critique sur ce nouveau musée, après l’avoir visité avec mon épouse.

            L’article était intitulé : «  Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Immigration, pourquoi fantôme ? » 

            J’expliquais que, compte tenu de la faible fréquentation de ce nouveau musée, comparée à celle de l’aquarium tropical, il aurait mieux valu consacrer ce budget à une fondation destinée à aider les nouveaux « ghettos » du pays à rentrer dans la République.

               A lire un article du journal La Croix du 30 juillet dernier (France, page 7), intitulé « Un quart des Français issus de l’immigration », et à constater l’évolution de son public et d’une nouvelle configuration institutionnelle qui verrait la fusion du musée et de l’aquarium, mon analyse n’était pas loin de la réalité : en 2011, 64 0879 visiteurs seulement, composés pour 51% de groupes.

                C’est dire la non-existence de ce musée, comparé par exemple à celui du Quai Branly qui a enregistré 1 310 148 entrées en 2012, pour ne pas citer le cas exceptionnel du Louvre avec 9 720 000 entrées la même année.

                  Une initiative muséale beaucoup plus créative comparable à celle du musée itinérant, et donc « migrateur », dénommé Mu Mo, dédié à l’art, aurait été mieux adaptée au sujet, et incontestablement moins coûteuse pour le contribuable :

             « C’est un vingt-cinq tonnes qui a déjà parcouru 28 000 kilomètres, en France, en Belgique, en Suisse, en Côte d’Ivoire, au Cameroun… s’il profite de l’été pour une révision, c’est que le reste de l’année, il accueille des scolaires. Déjà 38 000 enfants de 6 à 12 ans, en provenance de 200 écoles différentes, ont eu droit à des visites guidées… »  (Les Echos des 23 et 24 août 2003, page 13)

              Je serais tenté de dire que l’initiative muséale évoquée dans le journal La Croix  donne la mesure de la grande ambigüité du discours de certains groupes de chercheurs à la mode dans les médias, et aussi de politiques,  quant aux effets de la mémoire collective coloniale sur notre mémoire coloniale collective, une mesure qu’aucun des groupes de pression actifs sur le sujet n’a eu le courage d’effectuer sérieusement.

             1) Mis à part le cas de l’Algérie, l’histoire coloniale, avec son cortège d’immigrations d’origine africaine, intéresse peu de monde.

             2) Et dans le cas de l’Algérie, il serait sans doute intéressant, à moins que cela n’ait déjà été fait, de voir comment l’institution organisera une exposition sur les courants d’immigration algérienne nés de la dernière guerre civile dans les années 1990.

            Sur la même page de l’article cité, un des historiens des milieux cités plus haut croit pouvoir déclarer (1), sans doute en pleine innocence :

            1)     « Si vous remontez sur vingt générations, vous avez une bonne chance de vous trouver un ancêtre noir, originaire d’Haïti, d’Afrique ou de Saint Domingue »

            Une bonne chance sur combien ?

           2      La France «  ne se voit pas comme un pays de métissage » A la différence des Etats-Unis où l’immigration est une fierté et fait partie de l’imaginaire national »

         L’historien en question oserait donc affirmer que les Etats-Unis ne conserveraient pas dans leur mémoire collective le souvenir « cuisant », à la fois de la traite des esclaves et d’une discrimination raciale officielle qui n’a été abolie que dans les années 1960, pour ne pas évoquer une discrimination réelle encore persistante.

Jean Pierre Renaud

(1)   Plus c’est gros, plus ça passe ?