Les emplois d’avenir
Petite chronique préfectorale à usage pédagogique !
Les emplois d’avenir du président Hollande et les contrats emplois solidarité de Martrine Aubry : souvenirs d’un tribunal « populaire » (années 90)
A juste titre, et compte tenu de la situation économique et de l’aggravation du chômage des jeunes, le gouvernement a pris deux mesures utiles, les emplois d’avenir et les contrats de génération, mais seront-elles efficaces ?
Pour avoir eu dans un lointain passé professionnel, à la fois expérience et expertise en matière d’emploi et de formation, ce qui n’était pas très fréquent dans la préfectorale des années 80, et avoir eu la responsabilité de mettre en route à Paris, pour le compte de l’Etat, les contrats emploi solidarité (sauf erreur) de Martine Aubry, alors ministre du travail, emplois d’avenir avant la lettre, et afin d’illustrer de façon anecdotique une certaine façon ministérielle et préfectorale de fonctionner, j’aimerais vous conter une petite histoire.
La ministre nous imposait à la fois des objectifs de signature et des comptes rendus télégraphiques fréquents, alors qu’il n’était pas du tout facile de faire démarrer ces contrats, pour les raisons que je vais résumer, raisons qui sont aujourd’hui les mêmes que par le passé, c’est-à-dire la difficulté pour les associations, les fondations, ou les collectivités, d’engager des jeunes sans disposer des crédits complémentaires nécessaires, des tuteurs disponibles, et d’une structure pérenne.
Les obstacles sont encore plus grands dans le milieu associatif alors que beaucoup de structures souffrent de financements mal assurés, et j’imagine que dans la conjoncture actuelle, ces difficultés sont encore plus grandes.
Ceci dit, il n’est pas de meilleure solution que l’articulation de ce type de mesure avec les entreprises, celles du marché économique, afin d’assurer une véritable insertion économique des jeunes, et c’est la leçon capitale que nous avions tirée de nos expériences.
La mise en route des contrats de génération ne devrait pas soulever le même type d’obstacle étant donné que la mesure s’appuie sur un tuteur désigné, le senior dans l’emploi, et donc avec un emploi existant, s’il est naturellement maintenu, et dans une entreprise.
Dans le cadre de mes responsabilités, j’avais cru devoir adresser un premier télégramme de bilan qui indiquait à la fin d’une des premières semaines les résultats obtenus en matière de signature de contrats.
Bilan : un seul et unique contrat signé.
Convocation devant un tribunal « populaire » composé du préfet, du directeur de cabinet et du chef de cabinet, en présence d’un directeur et de mon chef de bureau.
Mon Dieu, quelle histoire ! Oser dire la vérité à un ministre ! On n’avait jamais vu cela ! Dans une belle mise en scène, comme au cinéma, de la part d’un préfet qui faisait beaucoup de cinéma !
Alors, mesdames et messieurs de la préfectorale, gare à vos matricules si la mise en place difficile des nouveaux emplois d’avenir vous vaut algarades ou pressions !
Jean Pierre Renaud