Humeur Tique : Le gouvernement Ayrault, un gouvernement du « verbe » de la pétaudière !

Au fil des mois, chacun y va de sa petite phrase, quand il ne s’agit pas d’un déluge verbal de la part de tel ou tel ministre, celui du « Redressement Productif », par exemple, et pour ne pas le citer, comme on dit dans le beau monde.

            A chaque intervention verbale de l’ancien avocat – la parole le titille donc à ce « point » ? – sans doute, et à chaque fois, un « point » de moins dans les sondages, et ils ne sont déjà pas très brillants !

            Très récemment, un ministre, celui dit de l’Education Nationale, tout autant adepte de la parole, vient de faire une déclaration en faveur de la dépénalisation du cannabis, une déclaration aussitôt démentie par son Premier Ministre.

            Un ministre dit de l’Education Nationale, chargé donc d’apprendre, entre autres choses, à nos enfants, la valeur de la responsabilité, fait donc une déclaration politique irresponsable !

            Le gouvernement de notre beau pays se résumant donc aujourd’hui à une salle de classe dans laquelle l’ancien professeur d’allemand tape sur les doigts de l’ancien professeur de philosophie, après l’avoir fait sur d’autres élèves indisciplinés… !

 A qui le tour ?

Avec l’envie de dire : Silence dans la classe, les enfants vous entendent !

Humeur Tique : « Com. sans modération » de certaines associations et fondations humanitaires.

 Vous recevez sans doute, comme beaucoup de citoyens français qui ont eu le bon cœur de leur faire un don, de la part de grandes associations ou fondations humanitaires du matériel de publicité, de communication, des gadgets en tout genre, voire et souvent des séries de timbres imprimés à votre nom et adresse, afin de vous inciter « fortement » à faire un don.

            Cette publicité est du vrai gaspillage, alors que dans certaines associations ou fondations, les frais de fonctionnement dépassent souvent les limites du raisonnable, plusieurs dizaines de pour cent de leurs budgets.

Mais aussi quel filon pour les « boutiques » de communication qui vendent leurs productions !

            Mais tout autant, un abus de charité scandaleux, étant donné que les dons en question sont payés pour plus de la moitié de leur somme par le contribuable que vous êtes, vous et moi !

Humeur Tique: Des « Sciences Po » Siciliennes! Quelle Omerta!

    Nos belles « sciences po », berceau d’une certaine élite républicaine, en plein naufrage !

            Tout ce beau monde dirigeant et professoral partageant avantages et prébendes comme sous l’Ancien Régime, et ce qui plus est dans le plus grand désordre de gestion !

            Donc personne ne savait !

            On cachait donc en famille ses friponneries et canailleries ?

            Un nouveau tabou de la République brisé ?

            Tout cela est bien dommage.

Etait-il nécessaire qu’il ait fallu autant  de corruption et de mélange des genres pour faire un peu avancer la démocratisation du recrutement de Sciences Po ?

La Justice Française à l’heure Taubira

Le Monde : l’interview du 20 septembre 2012 à propos de sa circulaire sur la nouvelle politique pénale et « L’ŒIL DU MONDE du 21 septembre 2012 sur la Justice

            La nouvelle Garde des Sceaux y a critiqué à juste titre le « tout carcéral » et y a annoncé quelques orientations, notamment sur le fonctionnement du Parquet.

            Mme Taubira a l’immense avantage de débarquer dans un milieu judiciaire stigmatisé, sous la Présidence précédente, dans sa condition de « petit pois », et elle bénéficie donc d’un préjugé favorable du même type que M.Hollande dont l’élection s’est faite en grande partie sur le rejet de M. Sarkozy.

A charge pour elle de concrétiser et de pérenniser cet avantage.

            A cet égard, les propositions qu’elle fait sur le fonctionnement et le statut du Parquet méritent réflexion :

            A la question du journaliste :

            « Vous vous interdisez de donner des instructions individuelles aux procureurs mais vous insistez pour que les procureurs généraux vous rendent compte des affaires signalées. N’y-a-t-il pas contradiction ? Ils ont prouvé qu’ils n’avaient pas besoin d’instruction pour devancer les désirs de la chancellerie. »

Elle répond :

            « Dans le passé incontestablement. Mais avec cette circulaire, je redéfinis l’architecture des relations entre le garde des sceaux, les procureurs généraux et les procureurs de la République. Dans un  Etat de droit, le garde des sceaux est responsable de la politique publique de la justice. Pour que cette politique soit pensée, construite, ajustée aux besoins, il faut des éléments sur la réalité des faits, c’est cela le sens de la remontée de l’information. Je ne peux pas être la dernière à être au courant. Désormais, chacun son rôle : au garde des sceaux la politique pénale générale, aux procureurs généraux l’animation de l’action des procureurs et à ces derniers seuls l’action publique. »

            Il existe incontestablement une contradiction entre les propos de la ministre et la mise en œuvre concrète de ses directives, car les informations recueillies sur le fonctionnement concret des parquets montrent à l’évidence que les procureurs sont harcelés par les demandes d’informations de la part des directions de la chancellerie et du cabinet du ministre, sur tout et n’importe quoi, sans compter sur ces procureur(e)s et procureur(e)s généraux toujours prêts à précéder les demandes dans l’unique souci bien compris du service public… mais plutôt avec une propension à l’obéissance anticipée aux ordres.

Les Préfectoraux seraient sans doute étonnés de constater à quel point un procureur rend compte, de peur de ne pas être couvert !

Et pourquoi ne pas se poser, aussi, la question des relations existant à Paris, entre Préfet de Police et Procureur de la République, à savoir qui exerce le véritable pouvoir de l’action pénale dans la capitale ?

Mais le problème  Numéro 1 reste en effet celui du statut du parquet pour lequel, la garde des sceaux ne propose pas de solution.

Or rien n’empêche un garde des sceaux de donner des instructions pénales générales, en laissant le soin à une autorité indépendante du parquet d’animer et de contrôler le travail des procureurs généraux et procureurs.

Et quant au dossier « L’Oeil du Monde » proposé sur la justice, son contenu est très intéressant, parce qu’il montre une fois de plus que la justice française ne dispose pas des moyens nécessaires pour faire du bon travail.

Un seul bémol toutefois relatif à la statistique comparée des dossiers : elle mériterait d’être affinée, car il parait difficile de comptabiliser de la même façon une affaire de vol de portable et un dossier tel que l’affaire dite du Médiator.

Pomme acide et son concubin préféré

Le film « Les saveurs du Palais » de Christian Vincent

Une cuisinière réputée du Périgord est appelée, sur un caprice du Président de la République, au service exclusif d’une cuisine traditionnelle qu’il voudrait à nouveau goûter : .Mitterrand à l’égal d’un Louis XIV ?

            Le Canard Enchaîné trousse une belle volaille de compliment pour ce film : «  Disons-le tout net : le film de Christian Vincent est un régal »

            Passons donc au menu : beau travail de cuisine de Catherine Frot qui fait merveille aux fourneaux, et fidèle portrait des mœurs serviles qui règnent dans les allées les plus proches du pouvoir !

            Pour autant, est-ce que les citoyens qui ont vu ce film ont vraiment cru qu’un tel esprit de courtisanerie ait pu exister de la sorte à l’Elysée ? Sommes-nous encore au siècle des rois de France ?

            Et puis étrangement, ce contraste que nous ménage le réalisateur d’une cuisinière devenue célèbre partant se refaire une santé dans le froid des mers de l’Antarctique !

            Film au moins aussi intéressant par son sujet et sa cuisinière, que par le portrait qu’il nous brosse des mœurs qui règnent dans les hauts lieux de la République Française.

            Jean Pierre Renaud et sa concubine préférée

Galula, maître à penser de la guerre contre-révolutionnaire? Lecture critique: 2ème partie

Gregor MATHIAS

« David GALULA »

« Combattant, espion, maître à penser de la guerre contre-révolutionnaire »

Lecture critique

Volet 2

Le volet 1 a été publié sur le blog du 21 septembre 2012

3

Critique comparative

a)

La théorie des autres officiers français, en particulier celle du commandant Hogard :

A lire les textes et analyses proposées pour comprendre ce qu’était la fameuse théorie de la « contre-insurrection » de M.Galula, il est possible de croire qu’il existait dans les années 1954-1962 une véritable table rase de la pensée militaire à la fois stratégique et tactique, sur ce type de conflit, et notamment sur la guerre d’Algérie.

Ce n’était absolument pas le cas, et les officiers en formation à Saint Maixent, en tout cas en 1958 et 1959, avaient à leur disposition tout un ensemble d’articles solides et « publics » qui décrivaient la guerre révolutionnaire, tirée entre autres, des écrits de Trotsky ou de Mao, et des enseignements de la guerre d’Indochine.

Citons les articles du commandant Hogard parus dans la Revue de la Défense Nationale de décembre 1956, janvier et février 1957.

Ces articles portaient les titres suivants :

1 Guerre révolutionnaire ou révolution dans l’art de la guerre

2 L’Armée française devant la guerre révolutionnaire

3 Les soldats dans la guerre révolutionnaire

Le commandant Hogard y décrivait en détail et de façon parfaitement claire, à la fois les fondements théoriques de ce type de guerre, les instruments utilisés, notamment le contrôle totalitaire des masses, la terreur, l’idéologie en vigueur, les processus révolutionnaires utilisés, et les types de réponses politico-militaires qu’il convenait d’opposer à l’adversaire, la destruction des bandes et des bases, ainsi que celle de l’organisation politique et révolutionnaire secrète.

Le commandant soulevait la question sensible des « arrières », dans le cas de l’Algérie, la métropole.

Cette doctrine était fondée sur le contexte de l’époque, c’est-à-dire la guerre froide, avec toutes les initiatives que prenait l’URSS pour affaiblir le camp « capitaliste », notamment dans le Tiers Monde, et dans les réponses proposées à partir de l’expérience de la guerre d’Indochine, mais il est évident que toute une partie de cette analyse était applicable à la pacification de l’Algérie.

Le commandant Hogard avait pris soin de souligner l’importance du facteur « arrières », et c’est en grande partie sur ce terrain, celui de la métropole, que cette guerre « révolutionnaire », le qualificatif que lui donnait le général Ely dans un article de la Revue Militaire d’Information de juin 1957, intitulé « Le Chef et l’évolution de la guerre », a été un échec

L’échec de la stratégie française a procédé également, et très largement, de l’incapacité de nos gouvernements à opposer à la revendication de l’indépendance une réponse convaincante de l’intégration, à mes yeux d’ailleurs impossible, tant il y avait d’écart entre les niveaux de vie et les cultures des deux communautés, et avec une population française qui n’était pas prête à faire le saut en Algérie même.

Et la grande erreur stratégique de nos gouvernements et du haut commandement militaire fut, à la fois de croire qu’en Algérie on faisait la guerre à un adversaire communiste, et en même temps de faire croire aux Algériens qu’une intégration était possible.

Dans un autre article de juin 1958 (Revue Militaire d’Information), intitulé « Tactique et Stratégie dans la guerre révolutionnaire », le même commandant Hogard décrivait avec la plus grande précision et rigueur tous les éléments de cette doctrine et notait en particulier :

« La conduite de la guerre contre la révolution ne peut se concevoir que comme l’application d’une tactique vraiment « générale » (au sens « civilo-militaire » et non plus « interarmes »), combinant à tous les échelons les moyens de toutes natures, politiques, psychologiques, administratifs, judiciaires et policiers, économiques, sociaux, culturels, militaires, en vue de conserver (ou de reconquérir) le soutien populaire au gouvernement légal et simultanément de détruire l’appareil et les Forces armées révolutionnaires. » (page 11)

Incontestablement donc une doctrine de guerre de type totalitaire que la France n’a jamais eu l’idée ou l’ambition de mener, pour autant qu’elle ait pu ou voulu la faire.

A lire l’ensemble de ces seuls articles, et sans avoir la mesure de toutes les autres réflexions qui ont pu être produites sur le même sujet dans les états-majors ou dans les écoles militaires, à l’époque de la guerre d’Algérie, les idées du nouveau Clausewitz ne semblent pas marquées du sceau de l’originalité, sans citer le livre du colonel Trinquier, intitulé « La guerre moderne », dont une grande partie des idées et propositions techniques était applicable à la guerre d’Algérie.

Pour nous résumer, la pacification telle que décrite par le commandant Hogard était celle qui était susceptible de fonctionner en Algérie, avec l’accent mis sur la population, le contrôle des masses, parfaitement décrit dans les œuvres de Mao Tsé-Tung, mais à plusieurs conditions :

La guerre « révolutionnaire » n’était pas celle des communistes, mais des nationalistes.

 La France n’a jamais cru au mythe de l’intégration, et encore moins les soldats du contingent ; de ce fait, l’armée se trouvait privée du soutien de ses « arrières » de métropole.

L’armée faisait donc une guerre de type « révolutionnaire » sans qu’une telle doctrine soit fondamentalement applicable, et sans qu’elle en ait accepté les impératifs de guerre totale, sauf peut-être dans le cas de la bataille d’Alger.

Enfin, la France n’a jamais été en mesure de contrer efficacement la guerre de type indirect que ses adversaires ont mené dans l’opinion publique internationale, avec l’appui de la Tunisie et du Maroc, de l’URSS et des Etats Unis, ainsi que du monde arabe.

Les analyses d’un Liddell Hart sur la stratégie indirecte, ses modes d’action, ses résultats, n’ont pas assez irrigué la pensée stratégique française en Algérie, ou en tout cas, et si des efforts ont été effectués dans ce but, ils n’ont pas été concluants.

b)

Un cadre de réflexion conceptuelle,  tactique et stratégique, fragile

         Il est possible que les ouvrages de M.Galula contiennent un rappel des axiomes qui ont été analysés et proposés par les grands penseurs de la guerre que furent Sun Tzu, Clausewitz, Mao, Liddell Hart, pour ne pas citer des officiers français qui se sont illustrés dans ce type de réflexion sur la guerre, tels que Beaufre ou Gambiez, mais dans le livre analysé et commenté, on ne voit pas la trace de référence à ces sources.

Sans vouloir allonger notre commentaire, simplement quelques rappels !

Dans ses « Œuvres choisies », Mao Tsé-toung cite son lointain prédécesseur, Sun Tzu :

« Connais l’adversaire et connais-toi toi-même, et tu seras invincible » (page 225)

La mise en application de cette seule maxime de guerre aurait évité bien des déconvenues à la France en Algérie.

Et le même Mao décrivait avec précision les processus politiques et militaires qu’il convenait d’utiliser pour gagner une guerre révolutionnaire, ceux qu’il mit en œuvre en Chine, pour y imposer le communisme.

« L’art de la guerre » de Sun Tzu fournissait par ailleurs un très beau catalogue des axiomes qu’il convenait de mettre en œuvre afin de prendre intact ce qui se trouvait « sous le ciel » de l’adversaire.

La somme de Clausewitz, « De la guerre » contient un ensemble d’analyses, de propositions, d’axiomes, en comparaison desquels les textes de M.Galula font assez pâle figure, sur la guerre, conflit de deux volontés, sur la guerre en tant que  continuation de la politique par d’autres moyens, sur la guerre comme acte politique, la guerre totale, avec « l’armement du peuple » (Chapitre XXVI).

Clausewitz donnait incontestablement la préférence à l’affrontement direct, mais dans le contexte stratégique de l’époque de Napoléon, alors que la guerre était encore, et avant tout, un affrontement entre deux armées, mais déjà le facteur politique prenait de plus en plus de force.

La révolte du peuple espagnol causa la perte des armées napoléoniennes en 1808.

&

Conclusion générale

David Galula, un officier intelligent et astucieux que ses fonctions dans le renseignement ont accoutumé à un travail de « communication » des armées avant la lettre,

C’est un peu l’impression que l’on retire à la lecture de ce livre

Ma conclusion générale est qu’il d’agit beaucoup plus d’un canevas de pacification, je dirais presque d’un exercice militaire, que d’un modèle de pacification, et  encore moins d’une nouvelle théorie de la guerre !

Une goutte d’eau dans l’océan du brain-storming politico-militaire américain ?

L’intérêt que les généraux américains ont manifesté pour ce type de réflexion militaire laisse évidemment perplexe, quant à la valeur ajoutée que M.Galula a pu apporter dans le brain-storming permanent, pour ne pas dire le méli-mélo tactique et stratégique qui a agité les états-majors politiques et militaires américains pendant toute la durée du conflit vietnamien, et pour des résultats politiques et militaires proches de zéro.

A lire l’analyse historique qu’en a proposé le journaliste américain, Stanley Karnow, dans son livre « Vietnam »,  les « sommes » de matière grise américaine en tout genre consacrées par le gouvernement américain au diagnostic et à la stratégie efficace qu’il fallait mettre en œuvre, l’apport du capitaine Galula ne pouvait être que très modeste. En annexe, figurent quelques lignes de l’éclairage historique de Stanley Karnow.

L’analyse de M.Mathias a relevé toutes les imperfections d’un tel canevas proposé comme un nouveau modèle de guerre, et d’anciens officiers, acteurs de cette « guerre » pourraient également témoigner du fait que ce canevas de pacification, avec ses huit étapes, ne fonctionnait pas sur le terrain, et donc concrètement, comme le voulait la description Galula.

En revanche, le commandant Hogar a proposé un véritable « modèle » de guerre, tel qu’il l’a décrit. Ce « modèle » aurait pu fonctionner si les « axiomes » décrits et proposés avaient pu être respectés, ce qui ne fut pas le cas, pour un certain nombre de raisons qui seraient à mes yeux :

Quelle situation ?

Une analyse de la situation insuffisante : algérienne (son histoire, la présence d’une importante minorité française avec à ses côtés une majorité d’algériens privés de la citoyenneté française, le problème religieux…), française (une métropole indifférente à l’outre-mer, avec des groupes de pression favorables au dégagement,…), internationale (la guerre froide, la décolonisation avec la conférence de Bandoeng, le rôle des Etats Unis, les ingérences de la Tunisie et du Maroc, etc..).

Avec quel outil militaire ? Le contingent n’était pas fait pour mener ce type de guerre dont il ne comprenait pas les objectifs, et alors qu’il constatait de ses propres yeux, et chaque jour, que l’Algérie n’était pas la France.

Entre la plage de Tipaza, près d’Alger, Tipaza chantée par Camus, et les massifs de Petite Kabylie, il n’y avait pas photo !

Une métropole, base arrière, indifférente, et gagnée progressivement par l’idée qu’il fallait mettre un terme à cette guerre, incomprise, alors que le FLN disposait de plus en plus de soutiens extérieurs.

Une absence d’idéologie à proposer aux Algériens, susceptible de mobiliser la « population », le facteur numéro 1, comme décrit, en notre faveur,  et c’était sans doute la clé de ce conflit.

&

Et en Annexe :

Dans son livre « Vietnam », le journaliste américain Stanley Karnow, très bon connaisseur du Vietnam, a décortiqué les tenants et aboutissants des guerres successives de ce pays, française, mais avant tout américaine.

Un éclairage sur les effets d’une transfusion stratégique supposée de la théorie Galula, dans le cadre de ses relations avec les Etats Unis d’Amérique, engagés  dans la guerre du Vietnam ?

M.Mathias évoque dans sa conclusion les relations que M.Galula a entretenues avec l’état-major des forces armées américaines à Norfolk de janvier à juillet 1960, et le contact qu’il avait eu dans le passé, à Hong Kong avec le général Westmoreland :

« Ce serait ainsi à l’initiative du général Westmoreland que D.Galula aurait été invité à participer à un séminaire de la Rand sur la contre-insurrection. Ce séminaire sur la contre-insurrection est organisé par deux membres de la Rand, S.T.Hosmer et S.O.Crane, à Washington… La Rand est chargée de faire une expertise sur les différents aspects du conflit au Vietnam pour orienter les actions du gouvernement américain. La Rand fera ainsi plus tard des expertises sur l’impact des hameaux stratégiques ou l’état d’esprit des prisonniers du Vietcong pour le Pentagone. Ce séminaire de la Rand est donc une expertise sur les méthodes de contre-insurrection qui concernent neuf théâtres d’opération différents (Algérie, Chine, Grèce, Kenya, Laos, Malaisie, Oman, Sud Vietnam et Philippines… Le lieutenant-colonel Galula est ainsi le seul Français présent, ce qui peut sembler surprenant, alors même que la France a une expertise incontestable de la contre-insurrection avec les guerres d’Algérie, et dispose de nombreux théoriciens de la guerre contre-révolutionnaire. » (pages 173 et 174)

M.Mathias poursuit en citant la participation du général Lansdale, à ce séminaire, spécialiste de la guerre contre la guérilla communiste aux Philippines, et en évoquant le rôle de la fameuse Rand dans ce type de réflexion stratégique.

Et c’est à propos de l’intervention de la Rand et de celle du général Lansdale pendant la guerre du Vietnam que le témoignage de Stanley Karnow est intéressant, en ce qui concerne le personnage Lansdale, et les résultats obtenus par l’armée américaine en mettant en application les théories soutenues par la Rand en matière de contre-insurrection.

En ce qui concerne Landsdale, nous sommes en 1954, Diem est au pouvoir :

« Il y avait à l’époque un Américain ayant de l’influence sur Diem, quoique son rôle ait été exagéré tant par ses admirateurs que par ses critiques. Le colonel Edward G.Lansdale avait fait partie de l’Office of Stratégic Services pendant la Deuxième Guerre mondiale et avait ensuite aidé Ramon Magsaysay, le dirigeant philippin, à écraser la rébellion Huk, menée par les communistes. D’une douceur trompeuse, cet ancien publicitaire effacé croyait aux techniques de « guerre psychologique » Rappelant les méthodes de la publicité. Il était aussi empreint d’une sorte de bonne volonté sans artifice ignorant la dynamique profonde des mouvements révolutionnaires et semblait ne tenir aucun compte de la complexité sociale et culturelle de l’Asie. William J.Lederer et Eugène Burdickn, auteurs du Vilain Américain, le peignirent sous les traits du colonel Edwin Hillendale, qui gagnait « les cœurs et esprits » avec son harmonica. Dans Un Américain bien tranquille, Graham Greene en fit un personnage naïf, convaincu que si l’on inculquait les principes de la démocratie occidentale aux paysans vietnamiens, ils résisteraient au communisme. Landsale avait une façon de présenter les choses qui rendait tout parfaitement simple, comme dans les stages « anti-insurrectionnels » qu’il organisa des années plus tard pour les Américains. « Souvenez-vous simplement de ceci, disait-il. Les guérilleros communistes se cachent parmi le peuple. Si vous gagnez le peuple à votre cause, ils n’auront plus d’endroits où se cacher. Vous pourrez donc les trouver… et les liquider (page 126)

 .En ce qui concerne l’efficacité des études de la Rand et des initiatives de Mc Namara :

« McNamara avait été un brillant cadre supérieur d’entreprises, capable d’examiner un bilan avec une rapidité et une sûreté infaillibles. En mai 1962, quand il se rendit pour la première fois au Vietnam, il considéra les chiffres et conclut avec optimisme, quarante- huit heures seulement après son arrivée : « toutes les données quantitatives… indiquent que nous sommes en train de gagner la guerre. »

Aucun conflit dans l’histoire ne fut étudié aussi minutieusement pendant son déroulement même. Presque tous les organismes gouvernementaux de Washington fournirent tôt ou tard une étude sur le Vietnam, de même que des dizaines d’instituts de recherche privés comme la Rand Corporation ou la Stanford Research. Les auteurs de ces études comprenaient experts en armement, économistes, sociologues, spécialistes des sciences politiques, anthropologues, agronomes, biologistes, chimistes et experts en sondages. Ils étudièrent les effets des défoliants, l’impact des bombes, l’efficacité des canons ; ils parcoururent les villages, interrogèrent les paysans, les déserteurs et les prisonniers ennemis ; ils étudièrent longuement les documents communistes saisis et passèrent au crible les déclarations d’Hanoï ; enfin, ils produisirent quantité de courbes, graphiques, brochures et livres. Mais pour une raison ou pour une autre, les chiffres ne parvinrent pas à exposer correctement le problème, encore moins à fournir des solutions.

Car il manquait dans les « données quantitatives » guidant McNamara et autres gouvernants américains une dimension qualitative qu’on ne pouvait aisément traduire : il n’existait aucun moyen de mesurer la détermination des guérilleros Viêt-Cong ni de mettre sur ordinateur les craintes et les espoirs des paysans vietnamiens. » (pages 146,147)

L’analyse historique de Stanley Karnow décrit les échecs successifs de la lutte contre-insurrectionnelle des Etats Unis au Vietnam, avec leur engagement militaire de plus en plus important, et entre autres, celui des « Hameaux stratégiques » qui devaient, en isolant la population de la menace Viêt-Cong, assurer le succès de la pacification américaine.

Ces quelques citations laissent à penser que l’apport des réflexions Galula dans cet océan d’études et de propositions pour vaincre le Viêt-Cong est bien difficile à déterminer.

Jean Pierre Renaud