Le Qatar ? Colonialisme ? Impérialisme ? Il faut décidément revoir beaucoup de nos leçons d’histoire !
Le Qatar au PSG, à Paris, une forme moderne de l’impérialisme ? Sans doute !
Après les « Lumières », et le « colonialisme», le pétrole et la communication !
Lorsqu’on fréquente certains livres d’histoire coloniale, on ne peut manquer de constater que beaucoup de chercheurs portent d’abord leur attention, en France en tout cas, sur l’impérialisme colonial de la France.
Et que, certains d’entre eux, pour faire moderne, ou croire qu’ils vont dans le sens du vent, manifestent une ardeur de « culture coloniale », qui n’a jamais rencontré un franc succès, même à l’époque coloniale.
Alors que cet impérialisme n’a pas duré longtemps, à l’exception de quelques colonies, notamment l’Algérie, qui, officiellement, n’en était pas vraiment une, selon une des hypocrisies bien françaises !
Si l’on ne tient pas compte de la période de conquête et d’installation du pouvoir colonial, entre 1880 et 1914, avec les parenthèses des deux guerres mondiales (1914-1918) et (1939-1945), la durée de cet impérialisme a été relativement courte, aussi bien en Afrique noire, qu’en Indochine, ou à Madagascar, de l’ordre d’une cinquantaine d’années, alors qu’à partir de 1945, la donne impériale avait complètement changé.
Les chercheurs sérieux ont interprété cette période coloniale avec tout un ensemble de paramètres idéologiques ou non, liés à la domination politique ou économique, à l’évangélisation, à la propagation de l’esprit des « Lumières », au rôle des nouvelles technologies occidentales (fusils à répétition et canons, transports à la vapeur par rail, automobiles, télégraphe et câbles, quinine, capacité d’entreprise…)…
Deux des livres, qui sont considérés par certains chercheurs comme le témoignage d’une nouvelle compréhension et interprétation du colonialisme ou de l’impérialisme, pour ne pas dire de nouvelles sortes de bibles, c’est selon, l’ouvrage de Frédérick Cooper, « Le colonialisme en question », et celui d’Edward W.Said, « Culture et impérialisme » ont fait l’objet d’une lecture critique approfondie sur ce blog.
Pour résumer trop brièvement nos conclusions :
– rappelons que l’analyse de Fréderick Cooper fait une part écrasante à l’historiographie du colonialisme, mais qu’il est beaucoup moins convaincant dans la démonstration concrète de sa pensée, dans le cas de l’AOF syndicale, postérieure à la deuxième guerre mondiale.
– l’analyse personnelle d’Edward W. Said est incontestablement beaucoup plus riche. Son concept de « structure de références et d’attitudes » est intéressant, et pourrait être fécond s’il était possible de procéder à son évaluation.
Comme nous l’avons écrit, notre préférence nous porte vers une analyse factorielle qui privilégie les technologies nouvelles, celles qui ont mis les pays occidentaux dans une « disposition » stratégique favorable à l’expansion.
Mais l’impérialisme a été de tous les âges et de toutes les sociétés, avec des variantes militaires, politiques, ou économiques différentes, à réunir sous le concept commun de domination d’une société ou d’un peuple sur un autre, et naturellement de « dispositions » différentes selon les époques et les continents.
Le développement moderne et très rapide des communications, des médias d’images ou d’information, propose sans doute une explication nouvelle de l’impérialisme moderne : on conquiert de nos jours une place forte de l’image pour pouvoir dominer l’autre par sa propre image.
L’entrée du Qatar dans le club PSG nous parait illustrer tout à fait cette évolution de l’impérialisme, dans sa forme la plus moderne.
Le Figaro (page 9) des 31 décembre 2011 et 1er janvier 2012 choisissait pour titre d’un article consacré à ce sujet : « Avec Ancelotti, le PSG bascule dans un nouveau monde ».
Diable, celui du Quatar, du pétrole, et de son nouvel impérialisme de la communication, des médias, et aussi du sport ?
Ne vient-il pas d’ailleurs de prendre une participation financière de 10% dans le groupe Lagardère, 100% médias, comme il le revendique ?
Comment mieux capter un important vecteur de l’image, de sa puissance, que d’associer son nom, à celle d’une ville aussi prestigieuse que Paris ?
M.Bolotny, économiste du sport, l’exprime clairement dans une interview des Echos du 27 décembre 2011 :
« Le Quatar a une stratégie de marketing politique avec le sport, et le football en particulier, comme axe de communication, mais a aussi une logique d’intégration industrielle verticale. »
Donc, une nouvelle technologie de la domination impériale !
Et comment ne pas ajouter qu’en raison des travaux à effectuer au Parc des Princes, le PSG- Qatar va s’installer au Stade de France : qui dit mieux en stratégie moderne de l’impérialisme de l’image ?
De nos jours, les nouvelles technologies de conquête de l’image donnent une nouvelle coloration à la domination, c’est à dire à l’impérialisme.
Et cet impérialisme moderne qui ne dit pas son nom développe ses tentacules chaque jour ! En toute laïcité républicaine ?
Jean Pierre Renaud