« Peuple français souverain » réjouis-toi, car tu as un Préfet de Police de rêve !
« L’affaire de l’Inspection générale des services (IGS) révélée par le Monde du jeudi 12 janvier 2012 »
La nouvelle station-service du corps préfectoral ?
Le Monde du 14 janvier 2012
Pour qui a eu une expérience sans doute trop « bornée » des affaires parisiennes, et une meilleure connaissance du fonctionnement « concret » des institutions parisiennes, l’interview du Préfet de Police ne laisse- t-elle pas apparaître une « vraie fausse » candeur ?
Alors donc aujourd’hui, comme hier, la police judiciaire n’informerait pas sa hiérarchie des enquêtes qu’elle mène d’initiative ou sur instruction des autorités judiciaires. Le Préfet de Police, et le ministre, ne seraient-ils pas les premiers informés, au minimum, des procédures en cours, et au maximum, à égalité avec les journalistes d’investigation, du contenu des procès-verbaux ?
On peut effectivement rêver, car beaucoup des acteurs des procédures judiciaires parisiennes savent qu’il en est tout autrement, et qu’un procès-verbal intéressant ou utile est rapidement entre les mains de la hiérarchie administrative et politique, et que l’autorité judiciaire a le plus grand mal à préserver ses pouvoirs.
A cet égard, la métaphore de la station- service mériterait de figurer dans une anthologie du corps préfectoral :
« Pour moi, c’est- comme dans une station-service : on a une pompe à gasoil et une pompe à essence et on ne mélange pas les carburants »
A la seule différence près, qu’un Préfet de Police alimente les deux pompes à carburant !
Et en finale, l’honorable haut fonctionnaire déclare : « J’ai toujours été au service de l’Etat et au service du gouvernement émanant de l’expression du peuple français souverain. »
Dont acte ! Mais pourquoi ne proposerait-il pas alors au gouvernement, conformément à l’article 64 de la Constitution, de disposer de deux stations-service, l’une pour l’exercice des pouvoirs de police et la deuxième pour l’exercice des pouvoirs judiciaires, ce qui veut dire le rattachement de la police judiciaire au pouvoir judiciaire ?
Au moins, le Préfet de Police ne se trouverait pas si injustement accusé par la presse et la République courrait moins de risques à mélanger ses carburants !
Jean Pierre Renaud