France-Algérie: après la « guerre sans nom », la « repentance sans nom » Regards Croisés, La Croix des 7,8/01/2012?

France-Algérie : après la « guerre sans nom », la « repentance sans nom » ?

France-Algérie, regards croisés, le dossier du journal La Croix des 7 et 8 janvier 2012

            Un dossier qui n’est pas dénué d’intérêt, mais qui soulève beaucoup de questions :

            Incontestablement, des regards croisés sur un des versants le plus « communicant » de cette histoire de la guerre d’Algérie ! Mais pourquoi un seul versant ?

 Je ne suis pas sûr que les trois historiens interviewés ne soient pas aussitôt suspectés de partialité, pour ne pas dire de « repentance sans nom », pour transposer le titre connu d’une « guerre sans nom », Blanchard mieux connu pour « ses images coloniales », Thénaut pour ses travaux sur la guerre d’Algérie, et Stora, incontestable spécialiste de l’histoire de la guerre d’Algérie, mais qui laisse à lire que cette histoire est l’alpha et l’oméga de l’histoire coloniale, et qui manifeste une activité, toujours débordante, dans la « guerre des mémoires ».

            Versant d’une lecture de l’histoire, avec tendance à la « contrition » parfaite ou imparfaite, et pour dire le mot, à la « repentance » ?

            Pourquoi ce silence sur les autres versants, alors qu’aux pages 6 et 7, le même journal donne largement la parole à un autre historien, Jean-Noël Jeanneney qui aurait pu proposer un avis utile et éclairé sur le même sujet, étant donné le rôle que son père a joué, notamment entre juillet 1962 et  janvier 1963, période « très sensible » de la mise en œuvre des accords d’Evian, alors qu’il était ambassadeur et haut représentant de France en Algérie ?

            D’autres historiens auraient pu également donner un avis pertinent sur ces relations, notamment sur les autres versants de cette histoire, et peut-être faire en sorte que le parapluie intellectuel sous lequel s’abrite Stora, la  « belle formule »  de Nora, « L’histoire rassemble alors que la mémoire divise », soit la réalité.

C’est bien dommage, car on peut sérieusement douter que ce dossier, pavé de bonnes intentions, contribue à ce que les lecteurs portent un regard apaisé et éclairé sur les relations « croisées », passées et actuelles, entre la France et l’Algérie, alors que l’Assemblée Nationale vient de voter, avec un nombre tout à fait restreint de députés présents, une loi mémorielle qui risque de mettre le feu à la maison des mémoires, et cela peu de temps avant le cinquantenaire du cessez le feu, le 19 mars 1962.

Une dernière remarque relative à la « naïveté » du propos d’un quatrième historien qui concerne les mariages mixtes franco-algériens : « Il y a plus de mariages mixtes franco-algériens que franco-allemands »

Pourquoi ne pas poser la question du pourquoi ? 

Ajouterai-je enfin que j’ai, et de beaucoup, préféré le même type de dossier que le même journal a consacré au « silence » ?

Jean Pierre Renaud