Campagne Balladur 1995: »Les sales dessous d’une campagne » et les « dessous » de l’écriture!

« Les sales dessous d’une campagne »

Le Monde du 3 janvier 2012, page 18 – Décryptages Enquête

Ou les « dessous » de l’écriture ?

Un autre décryptage ? Honneur d’un ancien Préfet ? Secret des sources contre secret de l’instruction ? S’agit-il d’un véritable journalisme d’investigation ?

            Honneur d’un ancien Préfet ? De façon tout à fait étrange, l’ancien  « trésorier » n’est plus qu’un ancien « haut fonctionnaire, chargé du financement de la campagne » (Balladur), par ailleurs « magistrat de la Cour des Comptes affecté au financement », alors qu’il a exercé les fonctions de Préfet pendant au moins vingt ans, dont les deux dernières, en qualité de Préfet de la Région  Ile de France, Préfet de Paris, un des deux postes les plus élevés de la préfectorale, avec la Préfecture de Police. Il a été nommé à ce poste le 8/7/1993 par Pasqua, alors ministre de l’Intérieur.

            L’intéressé n’était incontestablement pas un perdreau de l’année !

            Mais la véritable question que pose la lecture de cet article est celle du « qui parle », qui « témoigne », qui dit « sa vérité » ? Le magistrat ? L’ancien Préfet, et à ses côtés, d’autres comparses? Les policiers ? Ou les deux journalistes … ?

            Paroles recueillies de vive voix ou paroles « volées » au secret de l’instruction, au bénéfice du respect du secret des sources ?

Un exercice d’écriture incontestablement subtil, bien entrelacé, mais tout autant manipulateur !

            Si j’ai bien lu : l’ancien « haut fonctionnaire », placé en garde à vue le 7 décembre dernier, livre toute une série de considérations sur le financement de la campagne Balladur dont il a fait part à la police et sans doute au juge d’instruction, qui sont couvertes ou non par le secret « bidon » de l’instruction, ou aux journalistes eux-mêmes ?

            Dans le même article, les journalistes se mettent à la place du juge d’instruction, comme au théâtre, ou dans la réalité, de confidences vraies ou fausses du magistrat, avec un exemple parmi d’autres : « le juge Van Ruymbeke acquiert peu à peu la conviction que la campagne d’Edouard Balladur a emprunté des chemins tortueux. Il formule l’hypothèse…»

            Ah bon ! Les journalistes ou le juge d’instruction ?

            Et à titre « supplétif », au cas où vous n’auriez pas encore bien compris, en ce qui concerne les policiers chargés de l’enquête : « Selon une synthèse réalisée par les policiers, « le montant total des engagements a été dépassé de plus de 17 millions de francs, au 20 mars 1995. »

            Secret des sources contre secret de l’instruction ? On prend décidément les Français pour des cons !

 Qu’il s’agisse d’un ancien préfet, des journalistes, des policiers, et peut-être du juge d’instruction lui-même, à lire ce type d’article !

Jean Pierre Renaud