Mélanges politiques du 19 décembre 2011
Les sujets : les postes d’enseignants supprimés, les 32 heures d’Eva Joly, le « protectionnisme moderne » du ministre Wauquiez, les satellites espions.
Les postes d’enseignants supprimés :
Un mauvais signal politique, incontestablement, parce que le citoyen qui cherche à s’informer le mieux possible sur le dossier, ne réussit déjà pas à se faire une opinion sérieuse, à partir, des informations données, soit par les organisations professionnelles concernées, soit par le gouvernement.
D’où le message politique inaudible ou illisible, au choix, d’après lequel on veut faire de l’éducation une priorité nationale, alors qu’on diminue le nombre des enseignants.
Les 32 heures d’Eva Joly :
En matière de « connerie » politique, on ne fait pas mieux, alors que les entreprises, et derrière, le pays tout entier, se débat encore dans le grand désordre des 35 heures!
Que propose Mme Joly pour faire en sorte que les 32 heures puissent être raisonnablement appliquées dans le domaine hospitalier, alors que les 35 heures ne le sont pas encore, avec toutes les conséquences à en tirer en matière d’emplois et de rémunérations ?
La solution du temps partiel « accompagné » serait sans doute une solution plus intelligente, à la condition de l’adosser à une structure nationale de consolidation sociale.
« Le protectionnisme moderne » du ministre Wauquiez :
Tout à fait d’accord sur son constat, à savoir la nécessité pour la France de pratiquer un « protectinonnisme moderne », et j’ai moi-même, sur le blog du 7 juin 2011, préconisé un protectionnisme intelligent, en faisant valoir qu’historiquement, le protectionnisme n’avait pas été, pour le développement des économies du monde, contrairement à la petite musique toujours libérale que veut nous faire entendre la Commission Européenne, la damnation des damnations.
Il n’est pas donc pas indécent de se prononcer, à tout le moins, pour un protectionnisme de réciprocité.
Dans son interview au Monde, M.Wauquiez donne plusieurs exemples d’anomalies graves dans le fonctionnement du commerce international, qui mettent en cause notamment le Japon et la Chine.
Mais alors pourquoi les gouvernements qui se sont succédé en France, depuis dix ou vingt ans, ont laissé faire, avec, aux commandes de notre vieille Europe, le libéralisme triomphant de la Commission Européenne ? Et depuis 2004, M.Wauquiez, comme ministre de ces gouvernements ?
Par ailleurs, M.Wauquiez s’est fait élire dans une circonscription de Haute loire détenue par un grand « européen », un homme qui a exercé des fonctions de Vice-Président de la Commission Européen, son « parrain », lequel aurait donc laissé faire ?
Et l’UMP au pouvoir depuis 2002 également ?
Et le gouvernement actuel qui n’a pas cru devoir changer de cap après la crise de 2008 ?
Je trouve qu’il y a donc, à la fois, beaucoup de légèreté dans ces conduites politiques et dans les explications données à postériori.
Cocorico ! Les satellites espions de la France !
Un grand bravo à nos ingénieurs, mais quand notre pays va-t-il se décider enfin à réviser sa politique de « grandeur » ?
Va-t-on continuer à croire qu’il est possible de soutenir financièrement notre politique de grandeur ? Très récemment, à Abidjan ou à Tripoli, et en continuant à financer toutes sortes de missions, allant du maintien de l’ordre à l’étranger à la préservation de notre arsenal de défense nucléaire ?
Il va falloir enfin choisir !
Et une France qui se mêle quotidiennement de tous les sujets du monde, alors qu’elle n’a pas été capable de contrôler sa dette publique ?
Incapable également de faire rentrer nos quartiers de banlieue défavorisés dans notre belle République ?
Tout cela n’est pas très sérieux !
Il est question de mutualiser tout ou partie des dettes européennes, mais il est évident que l’absence de mutualisation de la défense européenne fausse toute comparaison entre la France et l’Allemagne à ce sujet, étant donné le poids respectif des budgets de la défense.
En Allemagne, le budget de la Défense représentait, en 2010, 1,92% du PIB, soit 46 milliards d’euros, et en France, 3,3% du PIB, soit 64 milliards d’euros, plus 18 milliards, alors que la population française ne représente que 77% de la population allemande, soit de l’ordre de deux fois plus par habitant.
La dépense défense du citoyen français était en 2009 de 1 015 euros par tête, alors qu’elle n’était que de 560 euros par tête pour le citoyen allemand. (source Wikipedia)
Et si la France consacrait le même budget que l’Allemagne à sa défense, notre pays économiserait, en valeur 2009, 29 milliards par an.
Un élément parmi d’autres pour nourrir notre réflexion nationale sur la réduction d’une dette insupportable !
Les candidats aux présidentielles 2012 seraient bien avisés de proposer aux Français une autre politique, celle d’une France, bien réelle, celle-là, une puissance moyenne.
Et si la France remettait les pieds sur terre ?
Jean Pierre Renaud