Art, culture, religion, exotisme …?
VAUDOU : une exposition de la Fondation Cartier pour l’art contemporain (5 avril – 25 septembre)
Une certaine hésitation à aller voir cette exposition, et une certaine perplexité, pour ne pas dire, perplexité certaine, après l’avoir visitée.
S’agit-il de beauté, d’art ? Ou d’objets étranges, de témoignages du culte vaudou, offrandes votives ou avatars des devins, des sorciers, des prêtres, des prêtresses vaudou, ou du dieu Legba ?
Un mélange de croyances spirituelles et temporelles, de rites et de médecines traditionnelles, qu’un européen a encore de la peine à comprendre.
Que dire de cet alignement de « bocios », petits objets de culte, de divination, de sorcellerie, d’envoûtement, couturés, ligotés, emmaillotés, cloués, transpercés ? Porteurs du bien et du mal ?
Des objets plus étranges que beaux ! Et alignés en rang, comme dans une cour de caserne !
Les Français ont sans doute de la peine à imaginer que quelquefois, dans leur entourage, des voisins prient leur « bocio » pour obtenir bonheur ou santé, ou pour chasser le mauvais sort d’un ennemi, même s’ils ne doutent pas que d’autres, dits de bonne souche, ont le même type de croyances, ou de superstition, c’est selon.
Toujours est-il que le véritable intérêt de cette exposition est moins l’art qu’elle est censée représenter que le témoignage d’une culture des côtes d’Afrique qui a vraisemblablement retrouvé de la couleur grâce au tourisme et aux nouvelles peurs du monde moderne.
Enfin, on peut s’interroger sur la référence choisie par l’exposition, celle d’une citation d’Hampâté Bâ :
« Salut à celui qui vient dénouer l’énigme des enlacements.
Chaque fois qu’on défait un nœud, on sort un Dieu. »
Le nœud qu’évoque le grand intellectuel et croyant africain n’est pas obligatoirement celui des « bocios ».
Jean Pierre Renaud