Mosquées du père Noël, Prière dans la rue, et Prêchi-Prêcha de Libé, Edito du 22/12/10

     Un éditorial intitulé « Préjugés » : voire !

            L’éditorial rend compte d’une enquête faite par Libé sur la prière musulmane dans la rue :

 « Voici le résultat de notre enquête : il existe des prières publiques dans une vingtaine d’endroits en France ; elles durent en général moins d’une heure, pas toutes les semaines… Ces prières sont le résultat d’un manque de place dans les lieux de culte… Comment résoudre le problème ? En construisant des mosquées. Cet effort conférera à cette religion, qui fait partie du paysage français depuis des lustres, les moyens légitimes d’exercer la liberté de culte qui figure dans notre Constitution. La laïcité ne consiste pas à s’attaquer à telle ou telle religion comme on brandissait jadis l’épée des croisés. Songerait-on par exemple, à interdire les processions catholiques ? La laïcité – la vraie – consiste à garantir la neutralité de l’Etat et à organiser la tolérance envers les cultes reconnus, qui ont droit de cité aux termes de la tradition républicaine. Il serait bon de s’en souvenir »

J’ai envie de dire: tout est tendancieux dans ces propos, approximatif, peut-être même pervers, parce qu’ils contribuent à entretenir le feu d’un nouveau cléricalisme d’insinuation, celui du grignotage républicain de la laïcité.

Que de questions ! Il est dommage que Libé, le journal incontestablement le plus attentif aux humeurs sociales  des Français n’ait pas prêté plus d’attention à ce fait de société et de religion, depuis que le phénomène de la prière dans la rue s’est manifesté, en particulier dans la capitale, dans des arrondissements chers aux éléphants du parti socialiste, les Jospin, Vaillant et Delanoë.

Et ajoutons que cette enquête très approfondie n’apporte aucune réponse chronologique : une vingtaine depuis quand ?

Il fallait donc que Mme Le Pen mette le doigt sur un point encore sensible de notre belle République, pour que les médias et les politiques découvrent, en toute hypocrisie, le phénomène.

Rappelons tout d’abord qu’à la base de notre droit public, il s’agit bien d’une occupation non autorisée du domaine public, alors faire le rapprochement avec certaines de nos processions chrétiennes, ancrées dans notre vieille tradition chrétienne, multiséculaire, paraît tout à fait incongru.

« En construisant des mosquées », mais que propose précisément et à  ce sujet cet édito ? 

Suggère-t-il de leur accorder un financement public ? Dans le respect de « la neutralité de l’Etat » ? En contradiction avec le principe de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, que nos ancêtres ont eu beaucoup de mal à faire accepter par la société française en 1905 ? Un retour en arrière donc ! Ou peut-être un appel au financement des mosquées par les lecteurs de Libé ? Ou par les élus et militants socialistes ?

Mes origines familiales m’ont rendu particulièrement sensible au respect de la laïcité. Certains de mes ancêtres, originaires de ce qu’on appelait alors « la Petite Vendée » (le plateau de Maîche) ont lutté contre la séparation des Eglises et de l’Etat, alors que leurs descendants se sont toujours bien trouvés de cette nouvelle laïcité républicaine, d’apaisement.

Il est bien dommage qu’une partie de la gauche ait oublié ce grand principe de paix civique et sociale !

Et les discours de grands élus socialistes des arrondissements populaires de la capitale, le maire du XVIII° arrondissement et le maire de Paris, rapportés dans le même journal, sont-ils crédibles ?

 Vaillant, le maire du XVIII° arrondissement (depuis 1995)  aurait déclaré : « je suis un vrai laïc tolérant vis-à-vis des religions », et Delanoë (maire de la capitale depuis 2001) : « Paris compte des centaines d’églises, mais le culte musulman… les jours de fête religieuse, se pratique trop souvent dans la rue. Je n’accepte pas cette inégalité, et je revendique mon choix de contribuer à la corriger. »

Des centaines d’églises à Paris ? Delanoë les a-t-il bien comptées ?

 Ces grands élus socialistes ont des responsabilités politiques à Paris, souvent depuis plus de trente ans, et pour quel résultat ?

Jean Pierre Renaud