Humeur Tique – Les chiffres des manifestants, vraies ou fausse évaluations?

Humeur Tique – Les chiffres des manifestants ? Vraies et fausses évaluations, la démocratie française de l’information ?

« Polémique sur le comptage des manifestants »

Le Monde page11 des 17 et 18/10/10

            Dans son article, le Monde nous explique que trois médias, Mediapart, le Provençal, et le Progrès ont pris l’initiative de procéder à des comptages de manifestants, et que les dits comptages ont montré que les comptages faits par la police nationale n’étaient pas aussi faux ou truqués qu’on le disait jusques là.

Les chiffres de la police étaient donc sérieux ? Est-ce que c’est la première fois que la Police met sa méthode de comptage sur la table ?

            La démocratie de l’information vient donc de faire un bond en avant !

            Il a donc fallu qu’un ancien dirigeant du Monde se saisisse du dossier pour le faire avancer ?

Ce qui devrait nous faire dire qu’en France notre démocratie n’a pas encore atteint l’âge adulte, étant donné qu’on préfère encore se balancer des chiffres à la figure, des chiffres manipulateurs (tract CGT à Paris, le 18 octobre : « A Paris, plus de 330.000 manifestants ont fait entendre… alors que les autres comptages annonçaient moins de 100.000, ce qui n’est déjà pas mal), plutôt que de s’accorder sur une bonne méthode de comptage.

Afrique (s), une autre histoire – France 5 du 17 octobre 2010

Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte II : 1945-1964, l’ouragan africain

France 5 du 17 octobre 2010

Une première remarque qui a son importance, pourquoi une programmation aussi tardive ?

Ceci dit, tout comme le premier documentaire, une émission intéressante sur la période en question, avec quelques questions de fond.

Il est très difficile de comparer l’évolution passée des différentes composantes de l’Afrique « coloniale » : il y avait de grandes différences entre les territoires qui comptaient une importante population européenne, avec appropriation des richesses, et les autres, entre l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Rhodésie,… et les autres, ceux notamment de l’Afrique de l’Ouest, d’où sans doute l’explosion armée fort bien décrite.

Comme cela été bien dit par certains commentateurs, cette histoire doit toujours être examinée à la lumière de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, et des initiatives diplomatiques des deux camps, et d’un troisième, le Tiers Monde de l’époque. Beaucoup des révolutionnaires africains étaient marxistes par conviction ou intérêt national. A Paris, le discours des étudiants africains était très majoritairement marxiste.

L’histoire du Congo Belge n’est pas comparable à celle de l’Afrique encore française. Dans les années 1950, les Belges s’y voyaient encore installés pour longtemps. Les futurs administrateurs coloniaux n’avaient absolument pas conscience des évolutions révolutionnaires à venir.

La question du maintien possible d’une structure fédérale ou confédérale, qui aurait succédé aux AOF et AEF est effectivement importante. Machiavélisme ou non de la France à ce sujet ? Le dossier mériterait d’être creusé.

Curieusement, aucun responsable politique blanc de l’époque n’a été interviewé dans le sujet –sont-ils tous morts ? -, et c’est un peu dommage.

Il serait sans doute intéressant de traiter dans un documentaire à venir le dossier de la querelle des mémoires coloniales, et de nous éclairer sur l’état de la question en Grande Bretagne, en Belgique, ou au Portugal.

Jean Pierre Renaud

Culture coloniale ou Supercherie coloniale: la censure Delanoë?

Culture coloniale ou Supercherie coloniale : la censure Delanoë ?

Culture coloniale, culture impériale, ou supercherie coloniale ?

Pourquoi le livre « Supercherie coloniale » a-t-il été écrit ?

Un livre censuré par Delanoë ? (1)

       Afin de démontrer que la thèse développée , en termes le plus souvent boursouflés, d’après laquelle la France aurait, à l’époque des colonies, baigné dans le colonial, est une thèse idéologique, et non historique, affectée de la plus grande indigence en matière d’évaluation et de mesure statistique des supports d’une culture coloniale supposée et de leurs effets.

            Les livres qui soutiennent cette thèse ont exploité, sans vergogne, les travaux d’un Colloque scientifique organisé en 1993, sans tenir compte des questions et des réserves, nombreuses, qui se sont alors posées, quant à l’interprétation des images examinées, car il s’agissait d’abord d’images coloniales.

L’objet de ce colloque était : « Nature, discours et influence de l’iconographie coloniale liée à la propagande coloniale et à la représentation de l’Afrique en France, de 1920 aux Indépendances »

            Les études universitaires de l’auteur et sa carrière professionnelle ne l’avaient pas habitué à une telle dérive intellectuelle, et c’est en découvrant le contenu de ces livres, qu’il s’est senti obligé de revenir à des sources de culture coloniale qu’il avait abandonnées, presque définitivement après son retour de la guerre d’Algérie.

§

            Avant d’esquisser rapidement les critiques essentielles qui doivent être faites à ce discours du bain colonial, évoquons en deux majeures :

–       La parabole du riz colonial : « Du riz dans les assiettes, de l’Empire dans les esprits » (Culture impériale, page 82), écrit l’historienne Lemaire, alors que 95% du riz importé allait dans les poulaillers et les étables !

–        L’inconscient collectif  entre en scène: faute de pouvoir démontrer la réalité des faits de propagande des images coloniales et de leurs effets, ces historiens invoquent l’inconscient collectif, le ça colonial. Diable ! C’est le cas de le dire !

Passons en revue, comme dans le livre cité plus haut, les différents supports d’une culture coloniale supposée, à l’époque coloniale, c’est-à-dire entre 1871 et 1945, car après la deuxième guerre mondiale, tout a changé.

Les manuels scolaires et les livres de la jeunesse : les livres scolaires, le Petit Lavisse, trop souvent cité, avec ses quelques pages, consacraient de l’ordre de 1 à 4% de leurs pages aux colonies. Il n’y avait sans doute pas de quoi matraquer le cerveau des jeunes français, indépendamment de la question des contenus, non examinés par ces chercheurs, et du fait que ces pages figuraient en fin de livre, donc en fin d’année scolaire.

            Quant aux BD, elles virent le jour, en France, après 1930.

            La presse : ces historiens ne procèdent à aucune  évaluation sérieuse de la presse à l’époque considérée, à la fois de la place (pages et colonnes) que la presse nationale et provinciale, ainsi que la presse spécialisée, réservaient au thème colonial, et naturellement du contenu, favorable, neutre, ou défavorable des articles publiés. La seule source  citée porte sur la presse de droite du sud-est pendant la période 1931-1945.

A leur décharge, il serait possible de noter que le livre « L’idée coloniale en France de 1871 à 1962 » de l’historien Girardet ne fait pas, non plus,  grand cas d’une analyse sérieuse de la presse.           

            Nous verrons plus loin ce qu’il faut penser des analyses de l’historienne Lemaire au sujet du rôle de la presse en matière de propagande.

            Les Expositions coloniales, les fameuses expositions coloniales, et leurs zoos humains : les expositions coloniales ont eu effectivement beaucoup de succès, notamment celle de 1931, mais Lyautey lui-même, commissaire général de cette exposition, constatait que l’opinion publique à l’égard des colonies n’avait pas beaucoup changé après cette exposition

            Des historiens coloniaux sérieux, notamment Brunschwig, ont fait le même constat général du désintérêt des Français pour leurs colonies.

Quant au zoos humains, renvoyons les lecteurs aux analyses qui ont été faites à ce sujet, en relevant qu’il ne s’agissait pas toujours des exhibitions humaines qui ont été légitimement épinglées, qu’elles furent d’abord le résultat d’initiatives privées, et enfin qu’il ne faut pas confondre zoos et villages africains tels qu’ils ont été présentés dans beaucoup de villes françaises.

            Les cartes postales : juste une mention, étant donné que ce type de support a fait l’objet des évaluations les plus fantaisistes.

            Le cinéma colonial : notons tout d’abord qu’il est difficile de faire état de ce type de culture coloniale supposée avant 1914, et qu’en ce qui concerne la période postérieure, les auteurs de la thèse critiquée n’ont pas avancé de chiffres sérieux sur le cinéma colonial.

M.Boulanger, spécialiste du sujet, faisait état d’un très petit nombre de films coloniaux, quelques pour cents de la production cinématographique, le plus souvent des films tournés au Maghreb, et d’ailleurs par des étrangers.

Les affiches : la source principale de l’analyse de ces chercheurs est constituée par l’exposition Négripub, faite à Paris, en 1987.

Un mot simplement sur l’indigence de cette source, étant donné la disproportion énorme qui existait entre le matériel présenté et celui enregistré à la Bibliothèque Nationale. Pour trois des années exposées par Négripub, 1930,1931, et 1938, 8 affiches ont été présentées, alors que pour ces trois mêmes années, le matériel enregistré était de 2.536 pièces.

            Les lecteurs intéressés pourront se reporter à l’ouvrage publié sur cette exposition pour savourer certains des commentaires « étranges » de certaines affiches.

            La propagande : la parabole du grain de riz qui a été une des introductions de notre critique caractérise parfaitement  la méthode intellectuelle, pour ne pas dire historique, qui a été utilisée pour apprécier le volume et les effets de la propagande initiée par l’Etat.

L’historienne Lemaire fait un sort tout particulier à l’Agence centrale des colonies qui aurait été la grande instigatrice de cette fameuse propagande. Elle aurait inondé la France, aurait joué le rôle d’une machine à informer qui aurait imprégné l’état d’esprit des Français, en leur inculquant, sans qu’ils en aient même conscience, les fameux stéréotypes coloniaux qui tapisseraient notre inconscient collectif :

–       Sauf qu’elle n’a pas existé longtemps, que son budget était modique, et qu’il était d’abord alimenté par les colonies elles-mêmes, et que les responsables de la dite propagande se plaignaient, à juste titre, de la faiblesse de leurs moyens.

–       Sauf que les subventions accordées aux journaux pour soutenir la cause coloniale n’ont jamais été à la hauteur des enjeux supposés : l’historienne Lemaire cite, parmi d’autres, la subvention accordée au Petit Parisien, en 1937, laquelle représentait la distribution gratuite de 75 000 journaux, alors que le tirage quotidien du journal était de l’ordre du million ! Pas de quoi vraiment à soulever les foules !

Le ça colonial, ou l’inconscient collectif : enfin, et pour convaincre le lecteur de l’inanité de la démonstration de cette nouvelle école idéologique, une soi-disant nouvelle école historique qui a besoin de faire appel à l’inconscient collectif ( CC, p,143), à l’impensé colonial (RC, p,150) !

Fiat lux !

            A la décharge de ces jeunes chercheurs, nouveaux entrepreneurs de l’histoire, d’après leur «  marraine d’histoire », quelques historiens ou historiennes de bonne réputation avaient ouvert la boite de Pandore au fameux Colloque de 1993.

            Il faudrait donc déconstruire notre imaginaire colonial, et ça marche !

Un colloque a été organisé en 2009, à la Mairie de Paris, avec le patronage du Monde, intitulé « Décolonisons les imaginaires !

            Défaut de démonstration historique, absence d’évaluation des supports d’une culture coloniale supposée, de leur volume, de leur place par rapport aux autres,  de leur diffusion, et de leurs effets, absence de représentativité des analyses proposées, outrance des mots et des conclusions, boursouflures d’écriture et de réflexion, tout cela ne serait pas grave si un tel discours n’avait pas reçu la faveur de certains médias, et ne contribuait pas à colporter une lecture idéologique de notre histoire.

            Il en faudra donc un peu plus pour que leur démonstration historique soit sérieuse !

            Mais d’ores et déjà, ils distribuent un matériau de propagande politique qui n’est pas de nature à faciliter le bien vivre en paix et le bon accueil dans la communauté française d’un certain nombre de jeunes citoyens français, dont les parents ou les grands-parents étaient originaires d’Afrique.

            Ces chercheurs doivent toutefois être félicités pour avoir exhumé de très belles images coloniales, et quelquefois monnayées contre espèces sonnantes et trébuchantes.

(1)    Un exemplaire de ce livre a été déposé, par mes soins, en 2008, dans le service compétent de la Direction des Bibliothèques de la Ville de Paris.

Ni accusé de réception, ni refus d’acquisition de l’ouvrage ! L’exemplaire a été retrouvé, quelques mois plus tard, dans une solderie du 5ème arrondissement, avec la  lettre d’envoi qui lui était jointe.

Censure clandestine d’un ouvrage qui conteste la thèse d’un colloque patronné par la ville, sous le titre racoleur « Décolonisons les imaginaires » ?

Jean Pierre Renaud – Supercherie coloniale- Mémoires d’hommes 2008

Les Postcolonial Studies: un nouveau mythe?

Ma fréquentation de la littérature et de l’histoire coloniales m’a évidemment conduit à m’interroger sur la signification de cette expression anglo-saxonne qui parait très en faveur dans certains milieux intellectuels français comme étrangers.

Je me suis donc décidé à lire et à annoter deux ouvrages qui sont considérés comme ceux de deux maîtres à penser des études postcoloniales, souvent cités dans ces milieux, le premier déjà ancien, « L’Orientalisme » de M.Said (1978) et le deuxième, plus récent « Le Colonialisme en question »  de M.Cooper (2005).

Et j’ai fait appel aux lumières d’un vieil ami d’études qui a effectué toute sa carrière outre-mer, en Asie et en Afrique.

            Dans son livre, M.Cooper écrit :

« La complaisance des historiens vis-à-vis des frontières européennes de leur discipline s’est trouvée ébranlée par l’Orientalisme, d’Edward Said (1978). Said a montré que certaines visions des sociétés asiatiques sont profondément ancrées dans la littérature européenne canonique. La colonisation ne se déroulait plus là-bas, dans des contrées exotiques, mais au cœur de la culture européenne. (page 24) »

            Deux observations sur ce texte : 1) M.Said a concentré toute son analyse sur le  Moyen Orient, avec une faible attention sur l’Asie. 2) « Complaisance des historiens » : est-ce si sûr ?

            Dans le courant du quatrième trimestre de l’année 2010, nous proposerons aux lecteurs intéressés une lecture critique de ces deux ouvrages, mais esquissons un premier cadrage.

Est-ce que l’expression utilisée, ambigüe, ne recèle pas déjà un sens idéologique, le colonial produisant toujours ses effets ? Mais de quel colonial parle-t-on ?

Le petit livre intitulé  « Les mots de la Colonisation » parait donner une bonne définition de ce type de recherche.

Il situe l’émergence de ces études aux Etats Unis, dans les années 1970, avec l’objectif de « briser les cadres occidentaux de représentation du monde, hérités de la période coloniale » (page 93). Le même livre évoque ensuite l’apparition des subaltern studies indiennes, pour travailler sur les représentations des catégories dominées.

En France, des historiens sérieux ont justement reproché à ces analyses, d’être effectuées « au détriment de l’ancrage des travaux dans une réalité historique ou sociologique concrète… page 94)».

Nous verrons qu’effectivement ces travaux, qui sont difficiles à classer dans une catégorie précise de pensée, manquent singulièrement d’« ancrage » géographique et chronologique, outre le fait que leurs discours se développent dans un univers qualitatif, et absolument pas quantitatif.

En France, ce type de recherche a été aussitôt exploité par des groupes d’intellectuels comme un thème politique d’explication d’une partie des problèmes que le pays rencontre avec ses populations d’origine immigrée, avec l’intervention des « stéréotypes », de la « mémoire collective », et pour faire bonne mesure de « l’inconscient collectif ».

Jean Pierre Renaud

« Afrique(s), une autre histoire » : France 5 du 10 octobre 2010

« Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte 1 : 1885-1944, le crépuscule de l’homme blanc »

France 5 du 10 octobre 2010

            Autre histoire, je ne sais pas, pour un certain nombre de personnes qui connaissent un peu cette histoire, mais en tout cas un bon documentaire dans son ensemble sur le sujet.

            Le documentaire : un angle d’attaque qui nous change des discours idéologiques que l’on voit souvent tenir sur cette période historique !

            Quelques réserves toutefois sur quelques épisodes :

–       Le choix de Béhanzin, comme résistant, sans cadrage !  S’il est vrai qu’il gouvernait un royaume bien organisé, qu’il était un des rares rois africains à disposer d’une armée également bien organisée, avec canons et fusils modernes, il s’illustrait tout de même par des sacrifices humains rituels à gros effectifs, non contestés, et par des razzias régulières d’esclaves dans les royaumes voisins. Des rois voisins se sont d’ailleurs félicités de sa disparition.

o   Samory aurait peut-être été un meilleur choix.

–       En ce qui concerne le même Dahomey de l’époque, il parait tout de même difficile d’évoquer, comme je crois l’avoir entendu, quelque chose qui aurait pu ressembler à la construction d’une « nation » dahoméenne ou béninoise.

–       En ce qui concerne l’évocation de la politique des races de Gallieni à Madagascar, effectivement, officiellement prônée et mise en œuvre par l’intéressé, c’est tout à fait exact, mais ces instructions se situaient au cours de la période d’une pacification fragile, dans un contexte où il était difficile d’obtenir l’appui de l’élite merina de la monarchie qui gouvernait l’île, en dépit des difficultés qu’elle avait rencontrées, et qu’elle rencontrait encore auprès de certaines des dix huit ethnies du pays

o   Le principe « diviser pour régner » n’était pas à cet égard une originalité

–       A titre accessoire, j’ai été plutôt surpris de voir en Ethiopie une image de musulmans en train de faire une de leurs cinq prières quotidiennes.

–       Enfin, le crépuscule de l’homme blanc a débuté effectivement après la première guerre mondiale, laquelle avait montré qu’il n’était pas invincible, comme la légende en courait en Afrique : de retour dans leur pays, les tirailleurs avaient pu en témoigner.

La discussion : qui a suivi, très intéressante, avec un contenu sans tabou, qui change également avec le prêt-à-penser habituel, mais en se demandant quel pouvait être son lien logique avec le documentaire diffusé.

JPR

Délinquance et immigration: Les ronds-points des Ponts et Chaussées

Le « rond-point » d’un chercheur à l’Ecole des Ponts et Chaussées

Immigration et délinquance : le verdict des statistiques (R.Rancière- Libé du 5/10/10)

Est-ce si sûr ?

            Je propose aux lecteurs de me suivre sur une des réalisations les plus prisées des ingénieurs des ponts, les ronds-points.

Nous en créerons, pour une fois, un exemplaire unique, de nature intellectuelle, car cela coûtera moins cher au contribuable.

            J’aborde donc le rond-point, première route à droite ? Existe-il des statistiques françaises qui permettent d’établir une corrélation entre délinquance et immigration ?

            Non !

Je continue donc mon chemin, et faute de mieux, j’emprunte successivement, la deuxième, et la troisième route à droite, la route des Etats Unis, puis celle de Grande Bretagne

Sur ces deux routes, on me rassure: rien, dans les études statistiques américaine et anglaise, ne permet d’établir une corrélation entre immigration et délinquance.

            Je continue à tourner sur le rond-point, c’est un réflexe chez moi. Nos brillants ingénieurs des ponts devaient y penser, car les gens qui tournent en rond ont tendance à encombrer les ronds-points. Je m’interroge, donc, et tout de même, sur la validité de l’hypothèse statistique retenue par le chercheur des ponts : les bases démographiques et statistiques sont- elles effectivement comparables ?

J’en suis pas sûr du tout, et je continue donc à tourner, car ce n’est pas toujours facile, comme vous le savez, de trouver son chemin sur nos beaux ronds-points nationaux, et que vois-je : un panneau que je n’avais pas vu : « Délinquance : déni ou délit de culture ? » ( Libé du 27/09/10)

Mais alors, un sociologue vient de produire des statistiques françaises sur le sujet ! Sont-elles fausses ? Notre chercheur des ponts les conteste-t-il ?

Jean Pierre Renaud

Une Villa Médicis dans le « 9-3 »: bravo messieurs les maires de Monfermeil et de Clichy- sous- Bois!

Le Monde du 5 octobre

               Dans une chronique précédente, j’avais, à l’égal de beaucoup d’autres observateurs et citoyens, relevé que la Cité de l’Immigration, non seulement n’avait aucun succès, qu’elle côutait cher au contribuable, mais qu’elle ne contribuait pas à améliorer notre regard sur l’immigration.

               J’avais donc proposé de redéployer les crédits correspondants – en ce qui concerne le beau bâtiment, l’Etat saura bien trouver une solution plus intelligente que l’actuelle – à un programme d’animation culturelle de nos quartiers sensibles.

              Bravo donc pour cette intitiative des deux maires, une initiative intelligente et  novatrice, en tout cas porteuse de changements sociaux, économiques, et culturels féconds!

JPR 

Humeur Tique: « Alger renonce à criminaliser le colonialisme »

Humeur Tique : « Alger renonce à criminaliser le colonialisme » (Le Figaro du 27/09/10)

            Les amateurs d’une histoire coloniale rénovée et repensée à l’anglo-saxonne, celle actuellement promue par l’historien américain F.Cooper dans son livre « Le colonialisme en question », y verront sans doute une coïncidence historique, et la justification du revirement du gouvernement algérien.

            Dans son livre, M.Cooper tente de démontrer en effet que le colonialisme a habité toutes les époques et toute la planète.

             Il convient toutefois de noter que le terme même de colonialisme cache une grande ambiguïté, selon que l’on raisonne en français ou en anglais, car le terme anglais s’applique de préférence à la colonisation, outre le fait que beaucoup de Français seraient sans doute bien en peine de définir le mot.

Délinquance, immigration et culture: les avis de MM.Fassin (Libé du 27/09 et le Monde du 30/09/10

Mélange des genres entre science et politique ?

Sujet : délinquance, immigration et culture

En réponse critique de l’ouvrage « Déni des cultures » – H.Lagrange

Corrélation entre le contenu des contributions et les travaux de leurs signataires ?

Textes E.Fassin (Libé du 27/09/10) : « La famille noire est toujours un problème pour ce culturalisme » – D.Fassin et E.Fassin (Le Monde du 30/09/10) : « Misère du culturalisme. Cessons d’imputer les problèmes aux étrangers »

            Au demeurant, des contributions claires et bien écrites, qui abordent un sujet très classique pour les spécialistes, la relation, sinon la corrélation existant entre misère sociale et délinquance, avec le « piment » supplémentaire du racisme, et tout autant pour leurs auteurs, celui de la « culture ».

            Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle sorte de terrorisme intellectuel et idéologique que d’interdire à d’autres chercheurs, pas nécessairement incompétents et partiaux, d’avancer des thèses qui déplaisent à une partie de la communauté intellectuelle, quelquefois dominante, et donc de déranger effectivement des tabous ?

            Je serais donc un électeur de droite, conservateur, parce que j’adhérerais en partie à la démonstration contestée, sans obligatoirement me référer à l’expérience américaine, alors que la ségrégation « officielle » y est encore très fraîche, et que le questionnement de M.Lagrange porte sur des phénomènes d’immigration jusques là inconnus dans notre pays ?

            Les deux contributions en question accusent tout simplement l’auteur de partager des idées de la droite conservatrice, alors que la problématique des « ghettos »  concentre évidemment un ensemble de facteurs que, ni la gauche, ni la droite, n’ont eu le courage de traiter depuis trente ans.

            Alors, il faudrait ignorer le facteur culturel dans les villes qui contiennent une proportion importante de français d’origine immigrée ?

Sous le prétexte que : « Or la longue histoire de la question sociale nous enseigne que le culturalisme de la misère qui prétend rendre compte des différences et des inégalités par l’origine ne fait jamais autre chose que trahir la misère du culturalisme » (Le Monde-page 23)

            Je serais donc un « lépéniste » qui s’ignore, au même titre que je serais un « colonialiste » sans le savoir, parce que je souffrirais de « la persistance d’une figure de l’indigène logée » dans mon corps. (Le livre « Fracture coloniale, page 200).

Parce que je partagerais les inquiétudes de citoyens français qui habitent encore des « ghettos », dont ils ont vu les dérives sociales et culturelles de toute sorte se développer au cours des quinze ou vingt dernières années ? Il faut interroger ces citoyens français, qu’ils soient de souche, comme on dit, ou d’origine immigrée.

            Est-ce que M.Konaté aurait pris sa carte à l’UMP pour avoir osé décrire dans son livre récent « L’Afrique est-elle maudite »,  une situation sociale et culturelle qui donne du crédit aux observations du sociologue ?

            Et enfin pourquoi la  « médecine » sociale s’interdirait-elle d’effectuer des recherches sérieuses, et démontrées statistiquement, sur ce que certains pourraient dénommer une immigration de type « invasif » à laquelle beaucoup de  communautés humaines sont confrontées, en Europe, en Asie, ou en Afrique, et proposer des outils de solution ?

Jean Pierre Renaud

Chirac et Delanoë: l’accord UMP-Ville de Paris, les justifications du maire

Chirac et Delanoë

Procès fictif et emplois fictifs de Chirac : la tribune de M.Delanoë (Le Monde du 28/09/10)

« Accord UMP-Ville de Paris : à propos de morale, d’éthique et de justice …»

Une affaire aussi légère qu’une feuille de papier à cigarette judiciaire ? Vraiment ?

            Le maire de Paris dit avoir poursuivi trois objectifs « vérité, reconnaissance des faits, réparation », et il est possible de lui donner acte de sa position, sauf à indiquer que dans un procès comme celui-là, l’enjeu ne pouvait être réduit à cette simple petite affaire qui a tout de même demandé neuf années de procédure, et comme il le rappelle cinq plaidoiries devant des Cours d’Appel, et trois devant la Cour de Cassation.

            Il ne s’agissait donc pas d’une petite feuille de papier à cigarette judiciaire, et le Maire de rappeler :

« En 2001, l’équipe que j’ai l’honneur de conduire a mis un terme au système des emplois fictifs » : il y avait donc, et alors, un système ? Dont l’existence était rappelée dans le même texte, en ce qui concerne Force Ouvrière.

            Pour un ancien haut fonctionnaire de l’Etat qui a eu l’honneur, mais sans doute pas le privilège, de le servir longtemps, et plus qu’à son gré, dans la capitale, et pour un certain nombre de ses collègues de l’époque, il parait difficile d’admettre que ce procès puisse se résumer à un protocole aussi sommaire que celui décrit par le Maire, alors qu’il existait bien alors un « système » politique et financier à Paris, et que beaucoup de fonctionnaires de cette époque pourraient sans doute attester qu’il existait une sympathique osmose entre le parti de l’ancien maire et la ville de Paris.

            Est-ce que d’autres procès de corruption,  déjà tenus, ne viendraient pas à l’appui de cette thèse, naturellement récusée par les avocats de l’ancien président ?

Est-ce qu’à ce niveau élevé de la politique, le citoyen n’aurait pas pu espérer mieux de la part ses représentants élus, de la part du maire, mais avant tout de l’ancien président ?

Car s’il est vrai que Chirac a toujours bien servi les carrières de ses collaborateurs, il n’a sans doute pas été le chef politique qui assume ses responsabilités, précisément de chef.

Et le maire de Paris actuel nous dira, sans doute bientôt, combien ont coûté neuf années de procédure, et qui va les payer ?  

            Et avec le simulacre judiciaire et politique de ses deux principaux protagonistes, quel citoyen peut-il  être fier de ces « petits arrangements » entre un chef  socialiste et un chef  soi-disant gaulliste.

Jean Pierre Renaud