« Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle
Acte III : 1965-1989, le règne des partis uniques »
France 5 du 24 octobre 2010
Une rétrospective et un balayage historiques de bonne qualité sur cette période cruciale de l’Afrique qui vit effectivement la prise de pouvoir par des partis uniques et des dictateurs. Mais quid du Maghreb ?
Avec toutes les horreurs de toutes les guerres, et pourquoi ne pas le dire, à l’exemple de beaucoup d’autres pays du monde, de tous les continents, y compris d’Europe, pour ne citer que l’exemple le plus récent du Kosovo !
Comme je l’ai déjà noté dans une chronique précédente, et comme cela a été répété par différents interlocuteurs, il est impossible d’examiner cette période africaine, en oubliant la guerre froide entre l’Est et l’Ouest.
Au cœur de ce dossier, la capacité ou l’incapacité des nouveaux Etats, issus d’un découpage territorial colonial, souvent artificiel, à assurer la continuité de l’Etat colonial: pouvait-il en être autrement ?
Et si oui, pourquoi le documentaire n’a pas abordé le sujet ? Ou peut-être n’ai-je pas été assez attentif ? Ou peut-être s’agissait-il d’un sujet tabou ? Celui des ethnies naturelles ou suscitées par le pouvoir colonial, des (fausses) fractures ethniques et des (vraies) fractures coloniales ?
Une seule mention à ce sujet, le reportage du Monde intitulé « De l’autre côté du fleuve » (page 3, le 27 octobre 2010), et le texte intitulé « L’unité nationale à l’épreuve des tensions ethniques », je précise entre maures, peuls, wolofs,soninké, et plus précisément entre populations qui étaient, à l’origine, soit nomades, soit sédentaires.
Tous les historiens de bonne foi pourront témoigner de l’existence très ancienne de ce problème et de ces tensions, comparables à toutes celles qui ont traditionnellement opposé les nomades du désert ou du Sahel (plus à l’Est, souvent des Touaregs) et les paysans sédentaires
Le parti unique a incontestablement constitué une réponse institutionnelle à la situation née des indépendances, et à ce type de situation, et en cas de carence vraie ou fausse, l’armée, seul corps institutionnel capable d’assurer l’ordre public.
En ce qui concerne le Sénégal, je ne crois pas avoir entendu évoquer non plus la rébellion de Casamance.
Les extraits de discours de plusieurs « chefs » des Etats d’alors, qui ont été diffusés étaient très intéressants, car ils en disaient long sur leur talent oratoire de leaders politiques ou militaires, qu’ils aient été de vrais ou de faux révolutionnaires !
Heureusement, le documentaire s’est achevé sur une note optimiste, avec l’intervention d’une femme, responsable politique du Kenya, laquelle témoignait de son action en faveur d’un passage à la démocratie, action qui fut couronnée de succès.
Dernière question : est-ce que l’Afrique de cette époque troublée a compté des territoires qui ont échappé à la solution du parti unique ?
Jean Pierre Renaud