Humeur Tique: Préfet du Loiret, Bis Repetita; Libé des 19 et 20/06/10, Le Mag des mêmes jours « L’Iran, les arts et la manière », 108 275 étrangers naturalisés-Le Monde du 18/06/10

Bis Repetita du Préfet du Loiret ou Vice Repetita de Libé ?

            Pourquoi jouer aux « trop belles âmes » et ne pas admettre qu’un certain nombre d’étrangers connaissent admirablement notre façon de fonctionner et la façon de détourner nos procédures ?

            Est-ce qu’un grand journal est obligé d’enfourcher à chaque fois la cause d’étrangers en difficulté vraie ou supposée, en oubliant le bien commun de notre pays, y compris des étrangers qui sont déjà chez nous à titre régulier ?

« L’Iran, les arts et la manière », le Fig Mag des 19 et 20 juin 2010

            Chronique intéressante sur le plan des arts, mais est-ce que Libé ne craint pas que la signature de cet article ne soit utilisée à de basses fins de propagande par les bassidjis du régime iranien, compte tenu du curriculum de son auteur ?

            La signature d’un Occident diabolique ?

108 275 étrangers naturalisés en 2009, le Monde du 18 juin 2010

            Les lecteurs qui nous font la faveur de nous consulter ont eu la possibilité de s’interroger sur la fiabilité des chiffres successifs d’étrangers présents en France, chiffres publiés par notre journal bien – aimé. Un chiffre de plus, afin de mieux comprendre pourquoi l’immigration chahute, « sociologiquement », certains quartiers de nos villes. 

  Mais il doit s’agir uniquement des naturalisations par décret!

La « Culture Coloniale » du Larousse Mensuel Illustré (1907-1913)


            Dans leur livre  « Culture coloniale- La France conquise par son Empire »,
 les deux historiens Blanchard et Lemaire distinguent « trois moments dans cette lente pénétration de la culture coloniale dans la société française, le temps de l’imprégnation ( de la défaite de Sedan à la pacification du Maroc), le temps de la fixation (de la Grande Guerre à la guerre du Rif) et le temps de l’apogée (de l’Exposition des Arts décoratifs à l’Exposition coloniale internationale de 1931… nous avons choisi de multiplier les approches pour mieux cerner ses modes d’expression. Cette transversalité de la démarche permet de comprendre la complexité d’un phénomène pourtant extrêmement simple : comment les Français sont devenus coloniaux sans même le vouloir, sans même le savoir, sans même l’anticiper. Non pas coloniaux au sens d’acteurs de la colonisation ou de fervents soutiens du colonialisme, mais au sens identitaire, culturel et charnel» (page 7 et 8)

            Vous avez bien lu : « charnel » !

            Et pour mieux nous guider, un détour par le Petit Robert !

            Imprégnation : 1° : Fécondation – 2° : Influence exercée par une première fécondation – 3° : Pénétration d’une substance dans une autre.

            Fixation : 1° : Action de fixer – 2° : Le fait de se fixer (personnes) – 3° Pyschan. « Attachement intense de la libido à une personne, à un objet, ou à un stade de développement… (Lagache)

            L’histoire coloniale a effectivement fait un grand pas, un pas de géant dans l’inconscient collectif, cher à cette nouvelle école de chercheurs.

            Un petit exercice de méthode donc, aux fins de tenter de mesurer, à partir d’un des vecteurs de cette culture coloniale supposée, ou fictive, comme nous le verrons, existant au cours du premier « temps de l’imprégnation ».

        Test d’évaluation de la « culture coloniale » de l’élite : le Larousse Mensuel Illustré des années 1907-1913

        Comment est-il possible d’affirmer que la France a eu une culture coloniale pendant la période coloniale, alors que l’histoire coloniale fait preuve d’une carence notoire dans l’analyse des sujets coloniaux traités par la presse nationale et provinciale ?

            A la lecture de certains ouvrages spécialisés d’histoire coloniale, l’ai été frappé par le discours que leurs auteurs tenaient sur la presse française au cours de la période coloniale allant de 1890 à 1960, une presse supposée coloniale, nationale ou provinciale, alors que la presse n’a jamais fait, à mon avis et jusqu’à présent, l’objet d’un travail d’analyse statistique sérieux, afin de déterminer la place accordée aux questions coloniales dans cette presse, en lignes, colonnes ou pages, et parallèlement en termes de contenus, favorables ou défavorables.

            Rares ont été les mémoires partiels, tous intéressants, déposés sur ce sujet, en tout cas, ceux que j’ai pu consulter.

            Le célèbre livre de Girardet intitulé « L’idée coloniale en France» (1871-1962), paru en 1972 est très succinct  sur la presse, pour ne pas dire muet, alors qu’il parait difficile de traiter un tel sujet, sans effectuer une analyse statistique solide sur la presse. Rien dans le chapitre IV intitulé « La conquête de l’opinion »!

            A croire qu’il n’existait, alors, pas encore d’outils d’évaluation statistique !

            Même constat, en ce qui concerne le petit collectif de chercheurs historiens ou sociologues, au choix, animé par les deux historiens cités plus haut, d’après lesquels, entre 1880 et 1960, la propagande coloniale aurait « tissé une toile », « inondé », et réussi à « parfaitement intérioriser la légitimité de l’ordre colonial », alors que ce collectif n’a pas apporté la démonstration de l’influence de la presse.

            J’ai consacré un chapitre du livre « Supercherie coloniale » (1) à la presse et démontré que rien, dans l’état actuel des recherches, n’accréditait un tel discours, dont le héraut principal, a effectué une thèse intitulée « Nationalisme et colonialisme » tout à fait limitée sur la presse, tant sur le plan chronologique (1930-1945), que thématique.

            Un exercice de mesure du colonial

            A titre d’exemple, je propose donc aux lecteurs de me suivre dans la consultation des Larousse mensuels illustrés pour la période 1907-1913, afin de mesurer la place que ces ouvrages destinés à une élite française consacraient à l’information coloniale.

            Au total, pour la période considérée, cette publication contenait sur plus de 1700 pages un ensemble très varié et très riche d’articles, de gravures, de croquis, de cartes et de schémas

            Notons tout d’abord que la table alphabétique des matières ne comporte aucune rubrique « colonies ».

            En ce qui concerne la période 1907-1910, la place de l’information consacrée aux colonies est très limitée, pour ne pas dire anodine : en 1907, une colonne, ou à peu près, pour le roi Toffa du Dahomey, en 1908, pour un personnage du Tonkin, Déo-van-tri, et pour la maladie du sommeil. En 1909, silence complet sur les colonies !

            En 1910, 2 pages sont consacrées à la pacification de la Mauritanie, mais surtout à l’action du général Gouraud dans l’Adrar. Une demi-colonne pour évoquer la définition de l’indigénat.

            Résultat  pour 1907-1910: l’information coloniale frise avec le zéro sur les 800 pages du volume !

            Qu’en est-il des années 1911-1913, sur les 914 pages du volume ?

            En 1911, 14 pages au total sur le Tchad, l’Ouaddaï, le Maroc, l’AOF et Dakar.

            En 1912, 8 pages sur Zinder, le Maroc, et l’Indochine.

            En 1913, 7 pages sur le Maroc, avec la guerre du Rif.

            Résultat : l’information coloniale frise également avec le zéro, 0,03% des pages.

            Alors, ni toile tissée, ni inondation, ni intériorisation de la légitimité de l’ordre colonial !

            Les textes les plus longs concernent :

            – en 1911, le bilan très technique de la construction du port de Dakar et des lignes de chemin de fer de la nouvelle AOF (4 pages1/2 avec 6 cartes) avec leur coût, 200 millions de francs de l’époque, soit de l’ordre de 640 millions d’euros.

            – en 1912 et 1913, les opérations militaires au Maroc (de l’ordre de 16 pages), la guerre du Rif, avec Lyautey, et l’Espagne sur le versant nord.

            – en 1912, une information technique sur les nouvelles lignes de chemin de fer en Indochine, notamment vers le Yunnan.

            Et pour terminer, le même dictionnaire consacrait 4 pages de son deuxième volume, en janvier 1913, à la guerre italo-turque de Tripolitaine.

            Au lecteur donc de juger de la pertinence de la thèse dénoncée et aux chercheurs en histoire d’aller plus loin dans le dépouillement statistique des sources d’une culture coloniale supposée ou fantôme, car il faut bien sûr aller plus loin et de façon sérieuse.

            Fécondation ? Voire ! Et en tout cas éviter à tout prix une fixation sur la deuxième période d’un découpage de période historique « suspect ».

            Jean Pierre Renaud – (1) Supercherie Coloniale – Mémoires d’Hommes – 2008

Scientificité des thèses d’histoire coloniale? Est-ce le cas?

Que penser des thèses d’histoire coloniale ?

Secret de confession universitaire ou tabou colonial ?

Pertinence scientifique et transparence publique des thèses en général et d’histoire coloniale en particulier ?

Sont-elles scientifiquement pertinentes, alors que leurs jurys cachent leur avis et le résultat de leurs votes ?

Au sujet des thèses Blanchard, Bancel, et Lemaire… et sans doute d’autres thèses !

             Au cours des dernières années, mes recherches d’histoire coloniale (d’amateur) m’ont conduit à aller à la source, c’est-à-dire à prendre connaissance de plusieurs thèses d’histoire coloniale qui donnaient, je le pensais, un fondement scientifique aux interventions verbales ou aux ouvrages écrits par leurs auteurs.

            J’ai donc consulté les trois thèses des trois historiens (Blanchard, Bancel et Lemaire) qui soutenaient la thèse soi-disant  historique d’après laquelle la France aurait été dotée, lors de la période coloniale, d’une culture coloniale, puis impériale.

            J’étais, en effet, plutôt surpris par la teneur des discours que ces derniers tenaient sur ce pan largement ignoré de notre histoire nationale.

            Accréditation scientifique ?

            La consultation et la lecture de ces thèses me donnèrent la conviction qu’elles ne suffisaient pas toujours, totalement ou partiellement, à donner une accréditation scientifique à leurs travaux, dans le domaine de la presse, des sondages, des images coloniales quasiment absentes et sans aucune référence sémiologique dans les thèses en question, et d’une façon générale en ce qui concerne la méthodologie statistique, économique ou financière mise en œuvre.

            Constat surprenant, alors que le terme de « scientifique » est souvent mentionné dans les arrêtés qui ont défini la procédure d’attribution du titre de docteur par les jurys : intervention d’un conseil scientifique, intérêt scientifique des travaux, aptitude des travaux à se situer dans leur contexte scientifique…

            Il me semblait donc  logique d’aller plus loin dans mes recherches, c’est-à-dire  accéder aux rapports du jury visés par les arrêtés ministériels de 1992 et 2006, rapports susceptibles d’éclairer l’intérêt scientifique des travaux. J’ai donc demandé au Recteur de Paris d’avoir communication des rapports du jury, communication qui m’a été refusée, alors que la soutenance était supposée être publique.

            Mais comment parler de soutenance publique, s’il n’est conservé aucune trace du débat, du vote (unanimité ou non) du jury, et s’il n’est pas possible de prendre connaissance des rapports des membres du jury, et donc de se faire une opinion sur la valeur scientifique que le jury a attribué à une thèse, ainsi que des mentions éventuellement décernées.

            Je m’interroge donc sur la qualité d’une procédure

            – qui ne conserverait aucune trace d’une soutenance publique, sauf à considérer que celle-ci n’a qu’un caractère formel.

            – qui exclurait toute justification de l’attribution d’un titre universitaire, appuyé seulement sur la notoriété de membres du jury, alors même que ce titre est susceptible d’accréditer l’intérêt scientifique de publications ultérieures, ou de toute médiatisation de ces travaux.

            Conclusion : les universités et leurs jurys seraient bien inspirés de lever ce secret, sauf à jeter une suspicion légitime et inutile sur le sérieux scientifique des doctorats qui sont délivrés, sauf également, et cette restriction est capitale, si mon expérience n’était aucunement représentative de la situation actuelle des thèses et des jurys.

            La transparence publique devrait être la règle.

            Pourquoi en serait-il différemment dans ce domaine de décisions, alors que la plupart des décisions publiques sont aujourd’hui soumises à des obligations démocratiques utiles de transparence publique.

            Il parait en effet difficile d’admettre que, sous le prétexte de préserver le secret de la vie privée, le secret des délibérations sûrement, mais pas le reste, il soit possible de sceller tout le processus supposé « scientifique » du même sceau du secret.

            A l’Université, en serions-nous encore, à l’âge du confessionnal et de l’autorité d’une nouvelle l’Eglise? Les jurys auraient donc quelque chose à cacher ? Un nouveau tabou ?

            Et en post scriptum, une thèse à l’EHESS :

             J’ai eu l’occasion d’analyser, en 2009, une thèse consacrée à l’histoire coloniale, au développement et aux inégalités dans l’ancienne Afrique Occidentale Française, au titre de l’EHESS, et sous la direction de Denis Cogneau (professeur associé à Paris School of Economics) et Thomas Piketty (professeur à l’Ecole d’Economie de Paris), avec le concours de deux rapporteurs, Jean-Marie Baland, professeur à l’Université de Namur, et Esther Duflo, professeur au Massachusetts Institute of Technology, plus deux autres membres éminents, Pierre Jacquet, Chef économiste à l’Agence Française de Développement, et enfin Gilles Postel-Vinay, Directeur de recherche à l’INRA, Directeur d’études à l’EHESS.

            La thésarde a fait un très gros travail d’analyse, mais sur des bases statistiques fragiles et en faisant un très large appel à un appareil de corrélation mathématique et statistique savant, mais audacieux, en projetant des raisonnements qui enjambent la période d’explosion démographique de la deuxième moitié du siècle, et quelquefois le siècle.

            Il serait intéressant d’avoir accès aux rapports des membres du jury, au contenu des délibérations, et au vote du même jury, et pas uniquement à l’article de Mme Duflo, dans Libé du 2/12/2008, intitulé « Le fardeau de l’homme blanc ? », dont le contenu était favorable aux conclusions de cette thèse.

            Et j’ai tout lieu donc de penser que, pour assurer son crédit scientifique,  la toute jeune Ecole d’Economie de Paris a eu à cœur d’innover en matière de transparence publique, et donc d’accréditation scientifique des travaux qu’elle dirige.

            Jean Pierre Renaud, docteur en sciences économiques, et ancien haut fonctionnaire

Football, Coupe du Monde 2010, et histoire de l’Afrique

Football, Coupe du Monde 2010, et histoire de l’Afrique

   Une réflexion éclairante de Monsieur Moussa Konaté dans son livre « L’Afrique noire est-elle maudite? », sur le poids de la culture africaine:

 « Les Noirs africains vivent dans une forêt d’interdits embrassant tous les domaines de la vie, dont l’origine remonte  à des mythes prétendant encadrer de façon absolue et immuable la vie entière de l’individu. Or, quiconque souhaite s’affranchir d’une telle tutelle, s’émanciper, saisira la moindre occasion qui lui sera donnée. La danse et les activités sportives comptant parmi les rares espaces à ne souffrir d’aucune interdiction, qu’y a-t-il d’étonnnant à ce que les Noirs africains s’y adonnent à coeur joie. (page 165,166) »

    Nous verrons ce qu’il en est aux résultats de la Coupe du Monde 2010, qui se joue en Afrique du Sud

Humeur Tique: en vrac politique, Boutin, Hirsch, les USA dans le « 9-3 »

    Boutin: de Ribery à Boutin, pourquoi pas? Toujours le fric, le fric, et aussi l’avidité, peut-être la servilité, alors que Mme Boutin est paraît-il leader d’un parti intitulé « chrétien démocrate »: mais où est le christianisme dans tout cela?

   Déjà, son directeur de cabinet, également chrétien démocrate, alors qu’elle était ministre du logement, s’était accroché à son job, alors qu’il bénéficiait d’un très beau logement de fraternité politique, à prix d’ami. Dur, dur, de se résoudre à ne plus toucher au pot de miel!

   Hirsch: Bravo Monsieur Hirsch pour l’oeuvre du RSA, dont les résultats sont encourageants! Bravo d’autant plus sincère que je n’ai jamais nourri une admiration sans borne pour les produits de l’ENA, mais sans doute fallait-il un ENA pour donner de la crédibilité au projet. Car, il n’y a rien de pire pour un chômeur que de perdre le sens et l’habitude du travail.

  Tous mes encouragements pour la mise en place d’un véritable service civique, capable de donner à un certain nombre de jeunes, le sens du service, du collectif, de l’appartenance à la communauté nationale, ce que contribuait à réaliser de plus en plus mal le service national..

  Les USA dans le 9-3 : le Monde des -,7 juin 2010 – Washington à la conquête du « 9-3 »

 « Qui connaît le mieux les banlieues françaises? Sans doute l’ambassade des Etats Unis, qui y tisse un solide réseau, à la recherche des futures élites »

    Les Américains meilleurs que nous pour aborder positivement le dossier de nos quartiers sensibles, pourquoi pas? Mais les connaisseurs du même dossier savent que ce n’est pas trop difficile, compte tenu de l’aveuglement persistant de nos élites politiques. Ceci dit, il est toutefois possible de se demander si l’article en question ne fait pas trop reluire la lucidité politique de Washington. 

L’Afrique et ses élites prédatrices: interview M.Thioub, Le Monde du 1er juin 2010, Philippe Bernard

L’Afrique et ses élites prédatrices

Alors que l’on célèbre l’anniversaire des indépendances africaines, ce continent n’en finit pas de solder ses comptes avec le colonialisme et les traites négrières relayées par une exploitation et une inégalité endémique 

L’Afrique et ses élites prédatrices

Interview de l’historien Ibrahima Thioub, actuellement résident à l’Institut d’études avancées à Nantes

Le Monde du 1er juin 2010 (Le grand débat Décryptages, page 19), par M.Philippe Bernard

        Une interview au contenu intéressant, car M.Thioub n’inscrit pas son propos dans une réflexion simpliste sur les relations ancien colonisateur – colonisé, et sur la nature de la traite négrière, mais ce texte soulève beaucoup de questions.

            Traite transatlantique et traite domestique

            Dans l’article qu’il a publié dans le livre « Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du Président Sarkozy » (voir l’analyse du blog (3/03/2010), l’historien proposait une analyse objective des traites négrières, animée du souci de ne pas occulter les traites domestiques, une impasse que font un certain nombre de chercheurs.

            Il relevait : «  Sur les 884 titres que compte le « recensement des travaux universitaires soutenus dans les universités francophones d’Afrique noire », on ne trouve que six références portant sur l’esclavage domestique. «  (p.207)

            Il est possible de disserter à longueur de temps sur la responsabilité des Blancs dans les traites négrières, mais les bons connaisseurs de l’histoire de l’Afrique de l’ouest savent en effet que la plupart des sociétés africaines de l’ouest, des années 1880-1890, avaient presque toutes les caractéristiques de sociétés esclavagistes, asservies par des pouvoirs de type à la fois féodal, et « prédateur ».

            Elites prédatrices ou cultures africaines prédatrices ?

            La question est donc posée du rôle et de la responsabilité des élites féodales d’alors, à la fois dans la préservation de cet état social et dans la transmission d’une culture prédatrice aux élites modernes ?

            Des obstacles redoutables

            Question utile mais dérangeante, qui incite à aller plus loin dans les recherches, car leur « malfaisance » a sans doute été facilitée par l’existence d’obstacles redoutables, tels que l’insécurité générale qui régnait avant la colonisation, une géographie physique, humaine, et économique, qui tournait le dos à la mer, un immense éparpillement de villages et de dialectes, des communautés à castes, formées à l’obéissance familiale, sociale, et religieuse, enfermées sur elles mêmes, très imbibées de religieux, avant tout paysannes, sur des terres de démesure, selon l’expression d’un géographe…

            Le collectif et le religieux

            M.Konaté, dans un livre récent, « L’Afrique noire est-elle maudite ? » reconnaît le poids du pacte originel, des traditions religieuses et culturelles de l’Afrique profonde, et toujours actuelle, plus qu’ambiguë, selon le titre de Balandier « Afrique ambiguë », l’importance des anciens et des ancêtres, de la lignée, de la  naissance, du collectif, la famille ou la communauté.

            Les Européens ne soupçonnent généralement pas le non-dit et le non-écrit de cette Afrique profonde, alors que les anciennes colonies françaises sont devenues indépendantes dans les années 60.

            La présence à chaque pas du religieux ! Il suffit de lire les textes du grand lettré qu’était Hampâté Bâ (sur la première moitié du vingtième siècle), ou ceux plus récents, de Kourouma, pour en prendre conscience.

            Elites traditionnelles prédatrices, et pourtant qui laissaient fonctionner, dans maintes ethnies, une forme indubitable de démocratie éclairée.

            Le « sabre et le goupillon » de Samory

            Personne ne conteste, je crois, le fait que la colonisation ait fait exploser les cadres sociaux et religieux traditionnels, et sans doute laissé libre cours à ces élites prédatrices, mais comment expliquer que de grands chefs d’Empire, tels Ahmadou à Ségou, ou Samory à Bissandougou, se soient livrés, bien avant l’arrivée des Français sur le Niger, à des entreprises prédatrices, le premier contre les royaumes Bambaras, le second contre les royaumes Malinké ?

            Comment un historien africain peut-il expliquer qu’un grand chef de guerre et d’Empire comme Samory, très intelligent, issu d’une famille de colporteurs dioulas, ait choisi de fonder un nouvel empire par les armes et le « goupillon » de l’Islam, et non par le commerce, bien avant que les Français ne viennent à son contact ?

            Et sur le plan culturel, est-ce que la tradition africaine de respect, pour ne pas dire d’obéissance ou de soumission, à la famille, au clan, au village, aux anciens, aux ancêtres, au « chef »,  n’est pas une des clés des problèmes de l’Afrique moderne.

            Est-ce que la modernité individualiste, qui marche, bonne ou mauvaise est compatible avec la préservation de ces puissantes solidarités collectives ?

            Dans le livre déjà cité, M.Konaté ouvre des pistes fructueuses d’évolution, liées d’une façon ou d’une autre à une tentative d’équilibre entre libertés individuelles et traditions.

            Des élites françaises également prédatrices

            Mais pour rassurer M.Thioub, et m’attrister de mon côté, il n’y a pas que les élites africaines qui sont prédatrices, c’est aussi un gros problème pour les élites françaises actuelles, de plus en plus gangrenées par le fric, toujours plus de fric.

            Un « marqueur chromatique » de l’histoire ?

            Je partage en gros l’analyse de M.Thioub sur la situation de l’Afrique de l’ouest, l’existence d’élites prédatrices, le rôle très ambigu des Ong « 4×4 », et de certains clans de la Françafrique, dont on surestime, à mon avis, la puissance et l’intérêt économique, mais je suis beaucoup plus réservé sur la thèse historique du « marqueur chromatique », sur l’analyse du « piège chromatique ».

            Est-ce que ce concept a une valeur opératoire sur le plan historique ? Une valeur susceptible d’être démontrée, et effectivement démontrée ? A mon avis, pas plus que les quelques concepts flous que certains historiens manipulent, sans avancer aucune démonstration scientifique, tels que la mémoire collective, les stéréotypes, ou l’inconscient collectif cher au cœur de Mme Coquery-Vidrovitch.

            Un droit à l’immigration ? Curieuse proposition d’historien ! 

            M.Thioub, chiche !

            Quant au propos de l’historien sur l’état d’esprit de la France et des Français à l’égard des anciennes colonies :

            « Regardez à Paris les rues qui portent le nom de colonisateurs ! Les Français les ignorent, mais pas nous. L’image de l’Afrique coloniale n’a jamais été déconstruite en France. Elle sert les intérêts des tenants de la Françafrique. »

            Deux observations, premièrement, je suis un de ceux qui pensent que les colonies, mis à part le cas de l’Algérie, et encore, n’ont jamais été un sujet de préoccupation et d’intérêt majeur, y compris économique, pour les Français.

            Ils découvriraient, presque aujourd’hui, l’histoire coloniale grâce à l’immigration.

            Deuxièmement, je dis à M.Thioub, chiche ! Dites nous sur quelle base scientifique, une enquête d’opinion par exemple, vous pouvez confirmer ce que vous dites au sujet des rues « coloniales »  par le « pas nous »

            Il est exact que Faidherbe, Archinard, Combes qu’admirait d’ailleurs Samory, ont des rues à Paris, mais ni Brière de l’Isle, ni Borgnis-Desbordes, qui furent des acteurs importants de la première phase de conquête du Sénégal et du Soudan.

            Mais pour en terminer provisoirement avec ce débat, la vraie question de fond que posent les relations entre colonisateur et colonisé est celle des effets d’une modernité, bonne ou mauvaise, c’est-à-dire toujours un certain cours de l’histoire, qui de toute façon, aurait fait exploser les cadres traditionnels des sociétés africaines, et mis en jeu leur capacité à réagir et à s’adapter.

            Et il me semble que le livre déjà cité de M.Konaté apporte déjà un certain nombre de réponses intéressantes sur le sujet.

            Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: plan banlieues et TVA restauration, Cade, histoire et Afrique de demain

 Humeur Tique: plan Banlieues et TVA restauration

Que penser du sérieux de la gestion « politique » du gouvernement?

    Il a trouvé 3 ou 4 milliards d’euros pour accorder une TVA réduite à la restauration, une « faveur politique », électorale dont les résultats en termes d’additions et d’emploi, sont loin d’être convaincants,  mais il a remis à plus tard, en 2011, dit-on, le plan banlieues qu’attendaient, depuis des années, des gens sérieux.

Humeur Tique: Bulletin de la CADE(avril 2010,Page 11) Madagascar et l’Afrique pour demain

    Dans son bulletin d’avril 2010, la CADE, « Coordination pour l’Afrique de demain- Un autre regard sur l’Afrique et les Africains », dresse un tableau historique rapide sur les anciennes colonies françaises devenues indépendantes dans les années 1958-1960.

   A la rubrique Madagascar, le bulletin écrit:

    » Violentes émeutes lors d’affrontements avec le maire d’Antananarivo Andry Rajoelina, il sera nommé président de la haute autorité de transition en attendant de nouvelles élections. Face aux affrontements incessants entre les partisans de l’ex-président et Rajoelina, l’UA interviendra. »

  « HIC historique »! Le bulletin ne dit pas que Rajoelina a pris le pouvoir par un coup d’Etat.

   Ce n’est donc pas la meilleure façon pour une association française de servir « L’Afrique de demain » et d’aider les Français et les Malgaches à porter un autre regard sur l’Afrique et les Africains

« La Tête en friche », un film de Jean Becker, avec Depardieu, un grand Depardieu! Allez voir ce film!

 Je n’ai jamais été un admirateur inconsidéré de Depardieu, mais ses deux derniers films, méritent incontestablement le détour, Mammuth, mais surtout « La Tête en friche », une superbe histoire qui nous change de beaucoup des mièvreries françaises habituelles.

    Le récit d’un adulte, enfant mal aimé, pris en grippe, sorti illettré de la bonne école républicaine, et auquel une vielle dame, adorable, rencontrée sur un banc public, fait découvrir la lecture, les livres, la Peste de Camus, Gary, Supervielle…

    Tout un programme, et quel programme! Dans la pâte humaine!

    La découverte des mots, de la lecture! 

   Et la découverte de l’âge, de la société d’aujourd’hui, des véritables relations humaines entre générations, quelquefois oubliées , faites d’abord de gratuité et d’amour!

L »Orientalisme fantasmé » de Pierre Loti? L’Inde (sans les Anglais)(1886)

        Est-ce qu’on connaît encore Pierre Loti en France, comme on le connaissait dans la première moitié du XXème siècle, car son œuvre était prolifique, en même temps et souvent exotique, pour ne pas dire coloniale.

            Officier de marine, Loti participa à plusieurs des aventures coloniales de la Troisième République, au Sénégal, en Polynésie, et en Asie.

            Officier de marine lors de la prise de Hué, en 1883, il en avait fait un récit de « reporter de guerre », objectif, qui n’occultait pas les horreurs de cette expédition, récit qui lui valut d’être suspendu de la Marine par Jules Ferry.

            Ses romans exotiques sont oubliés sur le Sénégal, la Polynésie, ou le Japon, ainsi que le récit de son voyage dans « L’Inde (sans les Anglais) » qu’il y effectua en 1886. Alors qu’il rentrait du Japon, il y accomplit un long parcours d’exploration et de découverte, de Mahé, au sud, à Bénarès, sur le Gange.

            La mention « sans les Anglais » est incontestablement le signe de la détestation historique que la Royale continuait de porter aux marins de Sa Majesté.

            Son récit de voyage est d’une très grande qualité littéraire, avec un art parfait de l’écriture toujours précise, rigoureuse, ciselée. Loti décrit avec une très grande minutie, celle d’un entomologiste, les paysages et les cités qu’il découvrait, les monuments et les temples de l’Inde, toujours gigantesques et cyclopéens, les célébrations mystérieuses, souvent nocturnes, fantasmagoriques de l’Inde religieuse.

            Et il faut lire en particulier les nombreuses pages consacrées à l’Inde affamée, celle des populations paysannes des déserts du Rajahstan, la famine des paysans morts, sur le point de mourir, hommes, femmes et enfants, aux portes de cités encore florissantes et illuminées. Une indifférence naturelle face à la misère et à la mort, cette cohabitation culturelle toute hindoue entre riches et miséreux, entre vivants et morts !

            Même de nos jours, un Français éprouve encore un véritable malaise lorsqu’il rencontre cette cohabitation de misère et de richesse dans une grande ville de l’Inde, des familles entières campant sur les trottoirs, le long des rues.

            Certains chercheurs accordent une importance majeure au discours d’Edward Said dans son livre sur « L’orientalisme », lequel ouvrage aurait aidé à démonter les « constructions fantasmées » des occidentaux sur l’Orient.

            Mme Coquery-Vidrovitch  y fait référence dans un article sur le musée du quai Branly, qu’elle a publié dans le « Petit Précis…à l’usage du Président Sarkozy » (page 137).

            Le lecteur curieux pourra constater que le récit de Loti n’avait rien d’une construction fantasmée sur l’Inde de l’année 1886.

            Jean Pierre Renaud.