JEUX DE MEMOIRE COLONIALE OU LE SEXE DES ANGES COLONIAUX

Mémoire collective

Contribution 4

Rappel des contributions précédentes :

Contribution 1 : définition de la mémoire collective (15/04/10)

Contribution 2 : « La guerre des mémoires » de M.Stora (25/04/10)

Contribution 3 : « Décolonisons les imaginaires » : le colloque de la Mairie de Paris du 12 mars 2009

(3/05/10)

Jeux de mémoire coloniale ou le sexe des anges coloniaux

« Françaises, Français, décolonisez vos imaginaires ! »

            Mémoire collective, inconscient collectif, stéréotypes, ces concepts sont à la mode dans certains milieux. Ils seraient l’alpha et l’omega d’une histoire coloniale que personne ne connaît, pas plus en France que dans les anciennes colonies, et qui, miraculeusement, rendrait compte de notre regard et de notre comportement actuels à l’égard des nouveaux indigènes de la République.

            La mémoire collective s’est substituée à l’histoire, et c’est beaucoup plus commode pour les ignorants.

            L’histoire coloniale est donc tombée dans le piège des mémoires, d’une mémoire collective que tout un chacun cite, sans jamais en avancer la moindre preuve, notamment des enquêtes et des sondages ? Sans en donner une quelconque mesure ? Sans produire une analyse enfin sérieuse de cette mémoire coloniale qui resterait quand on aurait tout oublié, pour paraphraser la  phrase célèbre d’Herriot sur la culture ?

            Un sondage chaque jour, sur l’alimentation, sur les retraites, les vacances… mais le désert complet sur la mémoire collective !

            Aurait-on peur des résultats d’un sondage exhaustif et honnête sur cette fameuse mémoire collective coloniale ?

            Il est tout de même étrange qu’une secrétaire d’Etat de couleur, et qu’un présentateur de télévision également coloré, figurent actuellement parmi les personnages publics les plus populaires d’une France ravagée par sa mémoire coloniale !

            Un historien médiatique a commis récemment un petit livre intitulé La guerre des mémoires. Dans un livre récent également, L’Europe face à son passé colonial, plusieurs historiens ont fait référence à la mémoire collective, sans jamais la définir et en donner de preuve, par une analyse des médias notamment.

            A l’occasion d’un colloque consacré aux images coloniales en 1993, plusieurs historiens sérieux avaient déjà évoqué les concepts magiques d’un inconscient et d’une mémoire collectifs, qu’ils n’ont jamais défini et évalué.

            Invoquer à tout propos une mémoire collective que personne n’a le courage de mesurer et d’évaluer, alors que chacun est à même de mesurer chaque jour les limites et les faiblesses de sa mémoire individuelle, parait donc tout à fait incongru.

            Nos mémoires individuelles sont déjà très fragiles, alors que dire de la mémoire collective ? Avancer pour toute explication, et sans aucune preuve statistique, compilation de journaux, d’émissions, de documents, mais surtout sans bonne et saine enquête approfondie, une mémoire collective indéfinie et indéfinissable, frise l’escroquerie intellectuelle et est purement et simplement de la manipulation.

            Les discours idéologiques et politiques qui enchaînent à tout propos mémoire collective, inconscient collectif, et stéréotypes coloniaux n’auront de crédit qu’à partir du moment où une enquête sérieuse, exhaustive, et objective en auront apporté commencement de bonne preuve, et bonne preuve.

            Le Maire de Paris a organisé le 12 mars 2009 un colloque sous le patronage du journal le Monde, intitulé Décolonisons les imaginaires.

            J’ai demandé au maire et au journal sur quelle base scientifique il était possible d’avancer que notre imaginaire était colonisé, mais j’attends toujours la réponse.

            Ce type d’initiative, irresponsable, contribue à accréditer un discours idéologique et politique qui alimente le feu couvant des banlieues.

            A l’heure actuelle, l’inconscient collectif, la mémoire collective et les stéréotypes coloniaux, sont donc à ranger, dans l’état actuel de nos connaissances,  dans le même rayon que le sexe des anges coloniaux.

Jean Pierre Renaud, le 8 juillet 2009

Et en guise de conclusion, une anecdote qui met en lumière le rôle des bibliothèques du Maire de Paris : dysfonctionnement administratif ou censure ?

            En 2008,  j’ai déposé moi-même au Service des Bibliothèques un exemplaire du livre « Supercherie coloniale », avec lettre d’envoi jointe, livre qui démontre, point par point,  l’absence de fondement, de méthode, et de sérieux, de la thèse d’un collectif de chercheurs sur le thème de la  « Culture coloniale », thèse largement répandue dans plusieurs livres, dans le but d’illustrer la colonisation de nos imaginaires.

             Ce livre s’est trouvé, quelques mois plus tard, dans une solderie de livres, l’exemplaire déposé contenant la lettre personnelle d’envoi avec l’adresse de l’expéditeur.

            Un livre égaré, avec sa lettre d’envoi avec le nom et l’adresse de l’expéditeur, vous ne trouvez pas ça étrange ?

Humeur Tique: DSK, le nouvel Enfant Jésus (Libé du 5 mai), le Budget de la France à Las Vegas

DSK, le nouvel Enfant Jésus de la politique française, d’après Libé du 5 mai

   Une première page avec une grande photo, plus les deux pages suivantes, avec une deuxième photo,  un texte bourré de sucreries, de platitudes, et de servilité par avance acquise! Décidément, un grand « souper fin » entre complices qui attendent impatiemment la venue du Sauveur! 

   Le Budget de la France à Las Vegas!

   D’après le Canard Enchaîné du 5 mai, la compagne du nouveau ministre du Budget de la France paie ses impôts à Las Vegas! L’information a d’ailleurs été confirmée.

   Il y a décidément quelque chose de « pourri dans le royaume de France » !

   Et le tout nouveau ministre du Budget de continuer à se parer des couleurs de la Chiraquie, je veux bien, mais de celles du gaullisme, les Français n’en croiront pas un mot. 

Immigration, sans-papiers: cohérence ou incohérence? Editorial du Monde du 7 avril 2009

Immigration, sans- papiers, cohérence ou incohérence ? Editorial du Monde du 7 avril 2010, 5 mai 2010, le feuilleton des chiffres continue.

            L’éditorial du Monde du 7 avril 2010, sous le titre :

            « Sans-papiers : sortir de l’incohérence », pose deux sortes de questions, d’une part quant à la fiabilité des chiffres donnés par le journal, et d’autre part  quant à la définition du sans-papier.

            La fiabilité des chiffres et de leur interprétation      

            Dans un article remarqué et contesté, du 4 décembre 2009, signée Anne Chemin, le journal notait la stabilité de la proportion d’immigrés par rapport à la population française : elle notait « si l’immigration s’est stabilisée… », et relevait plus loin « un chiffre étonnamment stable… », alors que les chiffres communiqués démontraient que l’immigration avait connu un rythme d’augmentation plus rapide entre 1999 et 2006.

            L’analyse et l’interprétation de ces chiffres ont d’ailleurs fait l’objet d’une critique remarquée et argumentée de la démographe Tribalat.

            En ce qui me concerne, j’avais 1) contesté le constat d’une stabilité supposée, 2) fait remarquer que cette analyse ne rendait pas compte de tous les mouvements qui affectent l’immigration, par exemple des naturalisations de l’ordre de 100.000 personnes par an, au cours des dernières années, 3) noté que les Français, dans leur vie concrète, ne partageaient pas ce constat.

            Dans son dernier livre, « Les Yeux grands fermés », Mme Tribalat, en montre d’ailleurs toute la complexité, notamment le flux de plus en plus important de mariages de français d’origine algérienne avec des algériennes, et d’arrivées motivées par les « motifs familiaux ou personnels » ; ces derniers motifs étant évidemment on ne peut plus vagues.

            Mais revenons à notre propos.

            Les sans-papiers

            Le Monde écrit le 7 avril ; « Or la majorité des 400.000 sans-papiers présents en France ont un emploi salarié ».

            Trois mois après l’article Chemin, on revoit donc les chiffres à la hausse ?

            Ce ne serait plus 5 millions (en 2008, ou en 2006), mais 5,4 millions, sans tenir compte de l’effet « immigration » au cours des 5 à 10 dernières années ?

            Le Monde du 5 mai écrit :

            « Les enfants d’immigrés, descendants directs d’un ou deux immigrés, représentent 6,5 millions de personnes, soit 11% de la population. Trois millions d’entre eux avaient leurs deux parents immigrés. »

            Et le même journal cite encore le chiffre des demandeurs d’asile : « en 2009, 150.000 étrangers bénéficiaient du statut de réfugié politique. »

            L’analyse de décembre serait donc à revoir complètement ? Et un nouveau décryptage proposé aux citoyens ?

             Alors, peut-on aussi plaider pour la régularisation d’immigrés sans papiers sans examiner la question au fond ?

            La question des sans-papiers  

            S’agit-il de sans-papiers célibataires ? De familles ? Entrés en France depuis quand ? Doit-on encourager des immigrés à venir illégalement en France, à produire des faux papiers, qu’il est assez facile de se procurer, comme l’on sait à Paris ou en Afrique ? Convient-il de traiter ces dossiers sans tenir compte des conceptions africaines  de la famille assez différentes des nôtres ? Souvent très étendues, et quelquefois mal définies à l’état civil ? Comment ne pas tenir compte aujourd’hui de l’obligation qu’ont les entreprises de faire vérifier dans les préfectures que les papiers fournis ne sont pas truqués ?

            Un pays comme la France a-t-il la volonté d’imiter les Etats-Unis qui ouvrent assez largement leurs portes à l’immigration clandestine pour peser sur le niveau des salaires. Est-ce cela que l’on veut pour la France ?

            Pour avoir suivi le dossier du travail clandestin dans la capitale pendant de nombreuses années, au cours des années 1980-1990, je serais tenté de dire 1) qu’il s’agissait alors d’un phénomène d’ampleur réduite par rapport à celui dont il est aujourd’hui question, 2) que les pouvoirs publics, et bien sûr les chefs d’entreprises, avaient naturellement connaissance déjà de tous les trafics de faux papiers, et que les responsables politiques ont attendu plus de vingt ans pour imaginer et décider le contrôle des papiers d’identité, un contrôle souvent difficile et malaisé 3) que des particuliers et des entreprises profitaient déjà de ce système.

            Je serais tenté de conclure provisoirement mon propos en disant que les deux camps opposés des exploiteurs de main d’œuvre et des défenseurs de l’humanitaire y trouvent leur « compte », mais je doute que notre pays y trouve son « compte » pour le bien commun de tous ses habitants..

Humeur Tique: ambiance, état d’esprit d’un jeune immigré du Bénin; cumul des mandats

  Ambiance, état d’esprit d’un jeune immigré  venu du Bénin ( ethnie Fon-Abomey)

 Jeune immigré venu à neuf ans du Bénin, actuellement en Centre de Formation d’Apprentis, disposant d’une carte de séjour, vivant dans un logement HLM du 19ème Arrondissement de Paris, avec une mère, également béninoise, qui a également une carte de séjour.

  Un discours très politisé sur la torture de la France en Algérie et sur le pillage des colonies par les blancs; le reproche fait aux Français de mettre les immigrés dans des ghettos; un mental imprégné de croyances africaines traditionnelles, le vaudou, les fétiches et le maraboutage. 

   Cumul des mandats et parlementaires: le Monde du 4 mai 2010 Page 20 Décryptages

 Le cumul de mandats de M.Proglio a fait l’actualité des derniers mois, et à juste titre.

   Le Monde du 4 mai nous donne des informations précises sur le cumul des mandats de nos parlementaires: sur un total de 577 députés, 264 de nos députés sont maires, 123 sont membres d’un conseil général, dont 18 sont présidents et 29 vice-présidents, 70 sont membres d’un conseil régional, dont 7 sont présidents, et 12 vice-présidents.

   83 députés exercent deux mandats locaux ou plus.

 Ces chiffres sont éloquents. Ils montrent, qu’effectivement, nos chers députés ont beaucoup de peine à concilier commissions parlementaires, séances à l’Assemblée, et nombreuses responsabilités locales.

   Le cumul d’un mandat national et d’un mandat local, de conseiller minicipal ou général, suffirait largement, pour reconnaître la pertinence de l’argument toujours avancé de l’accrochage démocratique « terrain ».

    Pourquoi ne pas dire enfin que le lecteur aurait sans doute aimé savoir si la gauche et la droite partagaient équitablement ce goût immodéré des cumuls?

Clin d’oeil cinéma: le film « Hors la loi » et « l’historien » colonial Blanchard

Pages cinéma du Monde du 5 mai 2010: Clarisse Fabre évoque la polémique qui s’est engagée sur le film « Hors – la – loi ». Elle cite comme avis de référence celui de M.Blanchard, animateur d’un collectif de chercheurs qui diffuse depuis quelques années une littérature coloniale, de type idéologique, au mieux ingénue, sur le passé colonial de la France.

   M.Blanchard a effectivement fait des études d’histoire et soutenu une thèse de doctorat, sur un sujet circonscrit à la fois sur le plan géographique, chronologique, et thématique, et je recommande aux spécialistes la lecture de cette thèse, afin de vérifier si elle est susceptible d’accréditer ce chercheur comme référence médiatique de notre histoire coloniale, ce qui ne semble pas être le cas dans les mileux sérieux de l’histoire coloniale.

   Le titre de cette thèse est: « Nationalisme et Colonialisme, la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale »

   L’intéressé déclare à la journaliste, quant aux inexactitudes pointées par le Service Historique de la Défense :

   « Mais ce n’est pas le sujet, Hors-la-loi est une fiction ».

   Comme l’histoire coloniale de « fiction » dont le chercheur est un des hérauts? Avec un talent incontestable pour surfer dans les médias sur un filon à nouveau découvert, celui des images  coloniales. 

« Décolonisons les imaginaires »: Le Monde au colloque de la mairie de Paris, le 12 mars 2009

Mémoire collective

Contribution 3

Rappel des contributions précédentes :

Contribution 1 du 15 avril 2010 : la mémoire collective n’est pas « un lieu commun », elle doit et peut être définie.

            Contribution 2 du 25 avril 2010 : que penser de la thèse développée sur le sujet par M.Stora dans le livre « La guerre des mémoires »

Contribution 3

Objet : la participation du journal Le Monde au Colloque intitulé « Décolonisons les imaginaires » organisé par la mairie de Paris le 12 mars 2009

            J’ai découvert l’existence du colloque « Décolonisons les imaginaires », en lisant l’interview de Mme Bengugui par Mme Van Eeckhout dans le journal du 13 mars 2009.

            J’ai fait part de mon opinion sur cette interview au maire de Paris, en indiquant qu’autant j’approuvais le constat de l’utilité de « la mesure de la diversité ethnique », autant je n’étais pas d’accord sur le discours accréditant l’existence d’une colonisation des imaginaires français. J’en ai également fait part à votre collaboratrice.

            En associant le Monde à cette initiative municipale, et en faisant figurer son nom sur le programme, le journal de référence a cautionné un titre qui sonne comme un slogan politique ou idéologique, alors qu’aucune enquête scientifique sérieuse ne parait accréditer le discours d’après lequel nos imaginaires seraient colonisés et auraient besoin d’être décolonisés.

            Les mots devraient avoir encore plus d’importance pour un journal de référence que pour le commun des mortels, et je déplore l’usage de ces mots.

            Je mets au défi, un journal que j’estime, d’apporter la démonstration scientifique, par exemple une enquête d’opinion sérieuse et complète, que la situation actuelle serait bien celle d’une mémoire colonisée,  qu’il faudrait donc décoloniser.

            L’enquête approfondie dont vient de faire état le journal, le 25 avril, ne parait pas répondre à cette question.

             La discrimination n’est pas obligatoirement liée à une histoire coloniale que l’immense majorité des Français ignore, mise à part celle de l’Algérie et surtout de sa guerre, ni à une mémoire collective que personne n’a eu le courage de mesurer, notamment tous les responsables politiques. Alors on dit n’importe quoi, et on écrit n’importe quoi, au risque  de fournir des aliments de propagande à des groupes de pression qui ignorent le plus souvent leur propre histoire, et qui sont trop contents de voir accréditer certaines de leurs affabulations idéologiques.

            Les écrits de certains collectifs de chercheurs qui dispensent ce type de propagande mémorielle n’ont, en tout cas jusqu’à présent, apporté aucune preuve scientifique sérieuse sur le sujet.

            Pourquoi ne pas traiter sérieusement des sujets qui sont sérieux pour l’avenir de notre pays ?

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : le journal télévisé du week-end de France 2, Delahousse et son magazine


   Grèce et Athènes:
 le journal donne la parole à sa correspondante d’Athènes, qui cite le chiffre de 20.000 manifestants, ce qui ne parait pas beaucoup. Aucune mise en perspective de cette manif par rapport aux autres passées, aucun consultant politique.

   Quelques minutes avant, sauf erreur, évocation de la Coupe de France, du match du jour, et interview du consultant de France 2.

    Deux poids, deux mesures, qui en disent long?

    Un crime, la nuit à New York!

 Belle entrée en matière du magazine, on donne le ton, avec un beau fait divers dans la mégapole de New york, une femme se fait attaquer aux premières heures du matin; un homme se jette à son secours; il est assassiné! Oui, mais cet homme de bien est un sans- papier originaire du Guatemala!               

   Les sans-papiers peuvent donc être des gens bien! Qui en aurait douté?

   S’agit-il de manipulation de propagande humanitaire?

L’Inconscient collectif et les vins de Bourgogne, « La femme disparait » d’Hitchcock, le Capharnaüm européen

  Grands crus de Bourgogne et inconscient collectif, in vino veritas !       

            Allez en Bourgogne, et si vous en avez les moyens, dégustez et achetez des grands crus de Bourgogne !

            Cette invitation s’adresse  naturellement aux  membres de la toute nouvelle et révolutionnaire « école historique de l’inconscient collectif. »

            Dans le Figaro du 29 avril 2010, à la page 31, Style&Vous, sous le titre « La folie mondiale des dégustations », une photo et le texte ci-après :

            « Soirée dégustation chez Lavinia à Paris, en novembre 2009, inscrits dans l’inconscient collectif, les grands crus de Bourgogne font rêver. »

            Il y a là effectivement de quoi rassurer les croyants de l’inconscient collectif !

            Un bon film d’Hitchcock : « Une femme disparaît »

            Et pour chasser de votre esprit les diableries de votre inconscient collectif, un bon film d’Hitchcock, « Une femme disparaît » (1938).

            Un film désopilant, loufoque, plein de trouvailles, à la fois comique, policier, et d’espionnage, dans le contexte européen de tension des deux années qui ont précédé la deuxième guerre mondiale.

            Vous ne vous lasserez point de l’intrigue, avec à la clé, la disparition d’une femme dans un train international, des acteurs remarquables, de l’humour british, et des mouvements répétés et longs de la caméra sur les mouvements de plus en plus saccadés des bogies et des roues de la locomotive à vapeur, avec sifflements garantis, aussi, à la clé ! 

            Le Capharnaüm grec et européen !

            Pour utiliser un mot violent, est-ce que nos dirigeants ne sont pas devenus « fous » ?

            Hier, comme aujourd’hui ?

            Hier en mettant sur pied une machine politique et administrative gigantesque, ingouvernable, et non gouvernée, et aujourd’hui avec vingt sept pays incapables de prendre les décisions qui s’imposent pour le bien commun de l’Europe et du monde !

            Une Europe veule et suicidaire !

            En sera-t-il de même demain, alors que jour après jour, mois après mois, année après année, les « communicants » de notre belle Europe distillent à petites doses, homéopathiques, les nouvelles de la progression du processus d’adhésion de nouveaux membres de cette union européenne fictive (Islande, Croatie, Serbie..) ?

            Oui, décidément, nos dirigeants sont devenus fous ! Aux citoyens de les obliger à se ressaisir et à exiger qu’une autre Europe naisse de ce foutoir, une Europe à deux vitesses, qui tienne compte des réalités de l’Europe.

Un livre vérité: « La loi du ghetto » Luc Bronner

« La loi du ghetto » un livre de Luc Bronner

Notes de lecture

            Une première recommandation de lecture à tous nos élus, petits ou grands, à ceux qui n’ont pas encore compris ou voulu comprendre, que le devenir de nos ghettos urbains concernait l’avenir d’une « certaine » France.

            Deux impressions majeures de lecture, contradictoires, un document roboratif et courageux qui aborde sans fard le dossier brûlant de nos ghettos, mais en même temps, un document démoralisant, si analyse, constatations, et vérités sur la situation actuelle, tant elles sont accablantes, ne débouchent pas sur des solutions, de vraies solutions, tant ce dossier est difficile.

            Un diagnostic redoutable

             Le diagnostic précis et complet de la situation et du fonctionnement des quartiers sensibles :

            – un fonctionnement politique caractérisé par le « vide politique » et la désertion électorale,        

            – un fonctionnement économique, caractérisé par le règne du « bizness » et des trafics de drogue,

            – un fonctionnement social avec une « prise de pouvoir » par les jeunes, les ados, et le rôle des « hiérarchies invisibles », en bref, une contre-société complète, fermée, et sans avenir.

            Tout sécuritaire et contre guérilla urbaine ne régleront pas les problèmes

            La République n’est incontestablement plus présente dans ces quartiers, et la politique du « tout sécuritaire », la sophistication toujours croissante des moyens de maintien de l’ordre, pour ne pas dire de contre guérilla urbaine, l’adaptation au jour le jour, et permanente, des réponses pénales, ne semblent pas de nature à apaiser la vie quotidienne de ces quartiers, et à redonner du sens à leur vie publique.

            J’avouerai que la description des moyens policiers mis en œuvre m’a laissé rêveur, en constatant que leur conception et leur mise en œuvre relevaient clairement des enseignements des écoles militaires, et que la mise à jour constante des outils juridiques de nature à toujours les adapter, pour coller au plus près, et au plus vite (toujours une loi nouvelle), à la tactique souple, imaginative, et évolutive de l’« ennemi intérieur », risquait de n’être jamais suffisante.

            Alors que faire ?

            Les solutions ne sont pas évidentes, mais elles existent et elles doivent être mises en œuvre, avec un grand souci d’expérimentation et d’adaptation.

            M.Bronner avance une idée intéressante, celle qui consiste à donner des pouvoirs aux habitants de ces quartiers, et sans obligatoirement craindre la naissance ou le renforcement d’un communautarisme vrai ou supposé, je propose également d’engager le pays dans cette voie, c’est-à-dire celle du risque et de la confiance.

            Il écrit : « Rendre le quartier aux adultes, leur redonner le pouvoir perdu. Cela ne viendra évidemment pas d’en haut, par la voix d’un secrétaire d’Etat, d’un préfet, d’une agence nationale ou d’un nouveau « Plan Marshall ». Mais plus sûrement par le bas ; par la capacité des adultes à s’organiser, sur leur territoire, pour restaurer un ordre générationnel. » (page,253)

            Une suggestion que je formaliserais volontiers sur le plan institutionnel comme suit :

            Des conseils de quartier élus avec des pouvoirs

                        Son constat montre que l’action publique souffre d’une très grande carence d’action économique, sociale et culturelle dans ces quartiers sensibles, mais rien ne sera possible sans remanier complètement l’organisation des pouvoirs locaux, et sans engager un vrai programme de remise à niveau républicain.

            Des pouvoirs juridiques et financiers doivent être attribués à des conseils de quartier élus, sur le modèle des pouvoirs accordés dans la capitale aux conseils d’arrondissement :

            – un pouvoir de gestion des équipements de proximité, sociaux, culturels, ou sportifs, de gestion des services de proximité, et de création sur le budget du conseil de quartier,

            – un échelon de service civique mis à la disposition des nouveaux conseils de quartier,

            – la mise en route d’un chemin scolaire et professionnel bien balisé vers l’emploi, notamment pour les jeunes, entre quartiers sensibles et grands bassins d’emploi. Le cas de Roissy est à cet égard exemplaire, et passé judiciaire ou non, un jeune doit pouvoir  accéder à un emploi d’un grand bassin d’emploi.

            Il est tout de même curieux, et en même temps désespérant, de constater que, dans ces ghettos, le rêve de l’école a souvent disparu.

            Un budget

             Le conseil de quartier disposera d’un budget de fonctionnement arrêté et géré par le nouveau conseil élu, et le même conseil jouira, au sein du conseil municipal de la ville, d’une capacité d’initiative dans la création de nouveaux équipements de proximité.

            Ces budgets seront adossés à un plan budgétaire pluriannuel de cinq années,  massif, d’accompagnement de l’action économique, sociale et culturelle des conseils de quartier, voté par le Parlement.

            La situation financière de la France n’est pas brillante, mais il faudra bien un jour, au-delà de la révision des politiques dites publiques, avoir le courage de réviser notre politique publique de « grandeur », d’adapter notre politique étrangère et militaire à nos moyens, et ne pas continuer à agir, comme si nous avions encore ceux d’une grande puissance, et non pas ceux d’une puissance moyenne.

     D’ailleurs, pourquoi des gouvernants intelligents n’inverseraient-ils pas l »ordre des facteurs, en consacrant les milliards d’euros de répression, pour ne pas dire les dizaines de milliards à la prévention? Là, il y a des sous!

            Conseil municipal et conseils de quartier

            Une fois par trimestre, le conseil municipal associera les présidents des conseils de quartier à ses délibérations.

            Les propositions ci-dessus sont tirées de l’expérience professionnelle passée de leur auteur, et n’ont pas d’autre ambition que de concrétiser la  suggestion de M. Bronner.

            Un contrat républicain avec l’Etat

            Lever tout d’abord le tabou de l’immigration.

            Pourquoi ne pas lever ce tabou, comme le fait l’auteur du livre, sur l’immigration ?

            Une régulation acceptée de l’immigration.

            Il faut dire clairement aux habitants de ces quartiers, et à l’opinion publique, que rien ne sera possible, si, pour un ensemble de raisons, souvent compréhensibles, culturelles ou humanitaires, ils continuent à prêter la main à la poursuite de flux clandestins ou non d’immigration : la démographe Tribalat écrit : « On peut parler d’un autoengendrement des flux familiaux. » (page,45).

            N’est-ce pas le cas pour les flux venus d’Algérie, après les années 1990, et plus traditionnellement du Mali ou du Sénégal ?

            La plupart des Français ignorent tout en effet des concepts de parentèle, souvent très extensifs, qui prévalent encore dans la culture traditionnelle de beaucoup de pays d’Afrique

            Le respect des principes républicains, notre unité nationale, fruit d’une très longue histoire, la primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être aujourd’hui menacée, la laïcité de nos institutions, principe que la France n’a fait triompher qu’il y a un peu plus d’un siècle, donc une conquête toujours fragile, et enfin le principe de l’égalité entre les sexes. La 4ème République l’a établi dans notre droit, mais on voit bien tous les jours que dans la vie concrète, les femmes ont encore à combattre quotidiennement pour le faire respecter.

            Les trafics, la drogue

            Je serais tenté de faire un mauvais jeu de mot, en disant « pas de quartier ! » pour tous les trafics et le « bizness », mais la question des marchés de la drogue soulève une question de fond, celle de sa consommation par une partie plus ou moins importante de la société française, et pourquoi ne pas le dire, par une partie de notre élite ? S’il y a un marché, c’est bien qu’il y a une consommation, et des jeunes de  ses quartiers y ont trouvé, presque naturellement, une occasion d’«emploi ».

            La lutte contre tous ces trafics risque donc d’être longue, et ne sera véritablement efficace que si la collectivité nationale propose de vrais emplois, une vraie reconnaissance politique, sociale, et économique, aux jeunes de nos ghettos.       

      Et  son succès dépend largement aussi de la politique nationale menée à l’égard des marchés de la drogue, car le citoyen de base voit bien, que de plus en plus de jeunes fument, un joint par ci, un joint par là, une fumette souvent encouragée par les médias, la télé, le cinéma… Et que dire de notre société actuelle et d’une partie non négligeable de son élite qui ne jure que par le fric, l’avidité, et l’intérêt personnel !

            Donc un grand gâchis, mais un vrai challenge national !

Jean Pierre Renaud – ancien haut fonctionnaire

La semaine prochaine : notre commentaire sur l’éditorial du Monde du 4 mars intitulé «  Sans-papiers : sortir de l’incohérence ». Cohérence ou incohérence ? Morale ou intellectuelle ? Statistique ou non ? Exacte ?