Une lecture pour ouvrir l’esprit !
Le petit livre « Diversité contre égalité » de Walter Benn Michaels
Le titre à lui seul éclaire le contenu d’un petit livre tonique sur le plan intellectuel, culturel, et politique. L’ouvrage part d’un constat sans concession de la situation américaine, en ce qui concerne la diversité, le respect des cultures, la discrimination positive, et la repentance. Il en conclut que l’Amérique, au lieu de mieux payer les pauvres, a choisi de les respecter.
Il est vrai que cela coûte moins cher !
En qualité de professeur de littérature de l’université de l’Illinois, à Chicago, il porte particulièrement son attention sur les problèmes d’accès, de diversité, et de discrimination positive dans l’université, mais sa réflexion est beaucoup plus large : elle touche à toute la problématique de la société américaine.
L’auteur écrit (p.46) : Alors que le problème est l’inégalité ; la solution proposée est l’identité, l’identité culturelle, en notant que le problème des races s’est substitué à celui des classes sociales.
L’auteur évoque la situation française et il n’a pas complètement tort, même si beaucoup de Français ne sont pas des adeptes inconditionnels de l’american way of life.
Les slogans de diversité, de non-discrimination, de repentance, sont aujourd’hui à la mode dans une certaine société française, alors que notre passé national n’a rien à voir avec celui des Etats-Unis. Les anciens esclaves sont une partie constituante de la nation américaine, et la discrimination raciale officielle y régnait encore, il n’y a moins d’un demi-siècle.
En France, une grande partie de nos difficultés procède d’une immigration « invasive », autorisée, régularisée, ou clandestine, d’origine africaine ou maghrébine, dont la culture sociale et religieuse est souvent éloignée de celle qui était majoritairement la nôtre, à la fois, laïque et chrétienne.
L’auteur évoque aussi l’usage politique qui est fait de ce nouveau credo, en France comme aux Etats-Unis, aussi bien de la part de la droite libérale que de la gauche libérale. Cette dernière, faute de pouvoir proposer un nouveau projet social et économique, dans la diversité, la non-discrimination, et quelquefois la repentance.
Car aux Etats-Unis, dixit Walter Benn Michaels, la repentance est bonne pour les affaires : les grandes banques Wachovia et JP Morgan n’ont pas hésité à manifester leur repentance pour se laver d’un péché d’esclavagiste commis dans leur lointain passé bancaire.
Et pourquoi effectivement ne pas voir, que derrière tous ces enjeux culturels ou victimaires, se cachent le plus souvent d’autres enjeux de gros, gros sous ?
Jean Pierre Renaud,