Les Avatars du dieu Vishnou-Chirac, les Villepin, Juppé, etc?
(Le Monde des 11 et 12 Avril 2010)
Après l’Avatar Villepin, l’Avatar Juppé ! Décidément la Chiraquie est riche en incarnations d’un Vishnou « roupillant » (voir le Monde) ! A qui le tour ? Avec l’esprit de famille ?
Comme le lecteur le sait naturellement, Vishnou est une des trois grandes divinités de l’hindouisme à laquelle cette religion prête des pouvoirs d’incarnations, ses avatars. Elle est souvent représentée avec quatre bras, et dans notre cas, deux existent déjà !
Après Villepin, voici le « nouveau » Juppé, dans l’aimable coloris des primeurs 2009 des bons vins de Bordeaux ! Exceptionnels, dit-on!
A la Une du Monde :
« Mon offre » de concours pour 2012 (politique) ? En lisant ce mot dans le journal, j’ai été un peu étonné, car pour avoir été plus de quinze ans un bon observateur du « système Chirac », l’expression « demande de concours » (financier) m’était plus familière.
Il n’est pas certain que les avatars en question puissent nous donner la possibilité d’échapper à nouveau au péril de la réforme anorexique (Chirac) après celui de la réforme boulimique (Sarkozy).
Dans le même journal, la juxtaposition des deux interviews, celle de M.Juppé, et celle de M.Dilain, maire de Clichy-sous-Bois apporte curieusement une première et immédiate réponse à l’offre citée.
M.Juppé a joué un des tout premiers rôles dans la Chiraquie, à la Mairie de Paris, au RPR, au gouvernement, auprès de Chirac. Comme je l’ai d’ailleurs écrit dans le livre « La Méthode Chirac », la gestion Chirac n’a pas été spécialement sociale, en dépit de sa communication tapageuse. Pour sa défense, indiquons toutefois que les quatre éléphants du bastion socialiste du dix huitième arrondissement de Paris n’ont pas été non plus, et de leur côté, les inventeurs d’un nouveau pacte social et républicain dans les quartiers sensibles de la capitale.
Chirac a mené sa campagne politique de 1995 sur le thème de la fracture sociale, mais après son élection, aucune grande politique n’a été ébauchée et mise en œuvre en faveur de ce qu’on n’appelait pas encore les « ghettos », un des moteurs de la fameuse « fracture sociale », thème de propagande plus que d’action politique sérieuse.
Alors que la cohabitation (1997-2002) avec le socialiste Jospin aurait pu justifier un consensus politique plus profitable à l’avenir du pays que le consensus calamiteux du traité de Nice, sur l’élargissement de l’Europe !
En face, à la page Trois du même journal, l’interview Dilain, cri de désespoir et d’alarme !
M.Dilain est maire de cette commune depuis 1995, l’année donc, qui vit Chirac élu à la Présidence de la République, et ce dernier partager le pouvoir avec le socialiste Jospin.
Le maire de Clichy-sous-Bois, après avoir décrit la réalité de sa commune, la misère, le désespoir, conclut son propos en disant :
« Qu’attendons-nous ? De nouvelles émeutes ? Que la « Cocotte-Minute explose ? … Parce que aujourd’hui, moi, maire de Clichy-sous-Bois, j’ai honte d’être le représentant impuissant de la République française. »
Honte à la droite, mais honte aussi à la gauche, car le Parti socialiste n’a jamais proposé un plan crédible pour résorber nos « ghettos » urbains, alors que certains de ses Eléphants exercent, depuis de nombreuses années, des mandats importants en Seine Saint Denis, ou dans le Val d’Oise, dont un d’entre eux, souvent grand communicant devant l’Eternel, depuis 1981, sauf erreur.
Pour terminer ce commentaire, que signifie la « fibre gaullo-chiraquienne », sinon une forme moderne du bon vieux radicalisme à la française, une fibre chiraco-radicale, bien loin du millésime des primeurs des vins de Bordeaux des années 60?
Jean Pierre Renaud