Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, le Monde du 23 mars 2010

Un musée fantôme, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, pourquoi fantôme?

           En France, la folie des musées ! Pourquoi pas ? Mais il y faut tout de même une bonne et saine raison ? Un aquarium ?

            Dans le cas de la Cité, le but était naturellement politique, une façon pour les politiques de botter en touche, d’esquiver un débat au fond sur les tenants et aboutissants de l’immigration, tout en donnant des gages à une partie des Français d’origine immigrée récente, et surtout aux groupes de pression intellectuels ou politiques qui en ont fait leur fonds de commerce.

            Le problème est que les visiteurs ne viennent pas dans cet ancien musée de la France d’Outre Mer pour l’histoire de l’immigration, et peut-être la louange de ses bénéfices, mais pour l’aquarium, et ses très beaux poissons, et cela dès les débuts de la Cité, comme j’ai pu le vérifier moi-même en août 2008, avec mon épouse.

            Son président, M.Toubon, déclare au journaliste, qu’une des raisons principales de cet insuccès est le fait que  « l’immigration, à tort ou à raison, n’a pas bonne presse. »

            La nouvelle utopie d’une immigration par définition humanitaire ou positive

            Un musée fantôme, effectivement, parce que de nombreux Français, confrontés à l’immigration des années 1980 – 1990, ont un vécu réel qui n’a rien de fantomatique, éprouvent, souvent ou quelquefois, un vrai choc culturel dans leur quotidien,  « à tort ou à raison »,alors que les pouvoirs publics, complices de groupes de pression politiques, religieux, ou associatifs, refusent d’ouvrir le dossier des chiffres de l’immigration et de ses conséquences, positives ou négatives sur notre vie nationale.

            D’ores et déjà, certaines de nos cités, notamment en Ile de France, sont composées majoritairement de Français originaires d’Afrique de deuxième et première génération, grâce au mouvement  « d’auto-engendrement des flux familiaux »,  décrits par la démographe Tribalat.

            Est-ce qu’il ne conviendrait pas demander aux historiens spécialisés si des fétiches maléfiques n’ont pas été cachés dans les murs du musée, lors de sa construction, ou si, lors de l’inauguration, les plus hautes autorités de l’Etat, n’auraient pas omis de sacrifier le poulet blanc ou noir recommandé par le grand féticheur du moment ?

            Mais en tout cas, un bon conseil ! Il faut consulter un grand marabout pour qu’il nous indique la bonne voie ! Pourquoi ne pas affecter ces moyens au financement d’institutions culturelles au cœur des « ghettos »urbains, une bien meilleure façon d’aider les quartiers sensibles à renouer avec la société française ?