La Croix du 1er septembre 2022, page 9
« Emmanuel Macron s’exprime jeudi 1er septembre devant la Conférence des ambassadeurs
La guerre en Ukraine et le retrait du Mali obligent la France à redéfinir sa politique étrangère…»
S’il y a une constante politique en France, c’est bien celle de la découverte d’un fait, d’un état de fait existant depuis des dizaines d’années, à l’exemple de l’obsolescence de notre politique étrangère, de notre réseau diplomatique et des moyens nécessaires pour répondre aux évolutions du monde.
Je pense bien sûr à l’Afrique dans le cas récent des interventions de Sarkozy (Libye), d’Hollande (Mali), ou de Macron (Liban), alors que nous avions à peine les moyens de les soutenir.
Le Mali était d’autant plus un cas d’école que l’histoire tourmentée de ses relations avec la France ou avec l’URSS, aujourd’hui Russie n’étaient pas un atout.
Sur un tel sujet, la France aurait dû ouvrir le jeu diplomatique avec l’Europe : pas de soldats français à Bamako sans soldats européens !
Nos soldats ne sont pas faits pour imiter les Suisses de l’Europe d’il a des siècles !
La France n’en n’a pas les moyens, tout en disposant d’un réseau diplomatique surdimensionné, alors que nos diplomates sont constamment court-circuités, doublés par le gouvernement lui-même, et les réseaux internet.
Ajoutons que le Quai d’Orsay n’est plus ce qu’il était, et que la réforme de ce grand corps farci d’hommes et de femmes de grande qualité professionnelle ne va sûrement pas arranger les choses.
A quoi servent diplomates et postes diplomatiques ? Quels sont les objectifs fixés par le gouvernement ? Avec quelle priorité ?
L’heure est celle la nouvelle puissance européenne à consolider, au lieu d’initiatives solitaires, typiquement françaises, telle celle d’Hollande décidant d’envoyer des Mirages à Bamako au secours d’un de ses amis africains, ou celle de Macron au Kremlin. Sauf erreur, dans cette nouvelle guerre, les insurgés du Mali ont démontré un savoir-faire de propagande qui a manqué aux nôtres.
En voyant certaines images de patrouilles dans des villages du Mali, j’ai cru être revenu plus de soixante ans en arrière dans la vallée de la Soummam…
Une nouvelle priorité à la condition sine qua non que l’Union ne se mêle pas de tout, comme c’est aujourd’hui le cas, et que la subsidiarité soit donc respectée, ce qui n’est pas le cas.
L’article cité évoque le champ Indo-Pacifique, mais comment croire que nous puissions y jouer un rôle solitaire ?
Jean Pierre Renaud